mercredi 23 janvier 2019

Une espionne dans la maison de l'amour - Anaïs Nin


Vous dites en vous-même : voici la femme falsificatrice, voici l'espionne internationale dans la maison de l'amour ( ou dois-je spécifier dans la maison des multiples amours ? ). Mais je dois vous avertir : il faut me saisir avec délicatesse ; je m'enveloppe d'un manteau irisé aussi fragile que le pollen des fleurs, et, bien que je consente à me laisser arrêter, si vous prenez possession de moi trop rudement, vous risquez de perdre de nombreuses preuves de ma culpabilité. Je n'ai pas envie que vous salissiez ce manteau délicat peint aux couleurs merveilleuses créés par mes illusions ; aucun peintre n'a jamais su le reproduire. Il est étrange, n'est-ce pas, qu'aucun produit chimique ne puisse communiquer à un être humain ce rayonnement irisé que lui prêtent les illusions. Donnez-moi votre chapeau. Vous avez l'air guindé, mal à l'aise. Alors, en fin de compte, vous avez dépisté tous mes personnages ? Vous rendez-vous compte du courage et de la témérité que réclame ma profession ? Très peu de gens ont ce don. Chez moi, c'est une vocation. Elle s'est manifestée de très bonne heure par mon habileté à me tromper moi-même. J'étais de celles qui appellent une cour un jardin, une location meublée un foyer. Si je rentrais en retard chez moi, pour éviter de me faire gronder je savais immédiatement imaginer et raconter à mes parents des aventures tellement hallucinantes qu'ils avaient besoin de plusieurs minutes pour en secouer le charme et revenir à la réalité. Je pouvais sortir de mon être habituel, de ma vie quotidienne et changer fréquemment de personnage sans me faire remarquer. Je veux dire que mon premier crime, vous serez peut-être surpris de l'apprendre, je l'ai commis contre moi-même. Ma faute, ce fut de corrompre un jeune être qui était moi-même. J'ai altéré ce qu'on appelle la réalité afin de créer un monde plus beau. J'ai constamment amélioré la réalité. On ne m'a pas arrêtée pour ce crime.


Une espionne dans la maison de l'amour ( Anaïs Nin ) ( 1954 ) pp 194-195 ( Éditions Stock / La Cosmopolite )

mercredi 16 janvier 2019

Corfu - Beirut

Paleokastritsa, le mont Pantokrator, la fameuse maison blanche de Lawrence Durrell à Kalami ... voilà ce que m'évoque en premier lieu le nom Corfou.

Fin de ma petite série sur Beirut.
Je fais l'impasse sur l'album No no no de 2015, qui proposait pourtant de belles étapes comme par exemple à Gibraltar mais qui m'a laissé un peu sur ma faim et je passe tout de suite au futur avec l'instrumental Corfu, extrait de Gallipoli, le prochain disque qui sort début Février.
Un clip, basé sur la pochette, simple mais ... beau.



Album de la semaine #52

Rain dogs - Tom Waits - 1985 Extrait : Downtown train Voilà, c'est le dernier post de ce blog. Merci à tous les visiteurs, merci pour to...