dimanche 18 août 2019

Écoute la ville tomber - Kate Tempest



Kate Tempest est une poétesse, rappeuse et dramaturge londonienne. Écoute la ville tomber est son premier roman. Il s'agit en fait de la mise en roman de l'histoire racontée dans son premier album Everybody down ( 2014 ). Les titres des chapitres reprennent d'ailleurs à la lettre ceux des plages du disque.
Écoute la ville tomber est selon moi un titre hors de propos, Écoute la ville changer serait beaucoup mieux car cette ville, Londres, ne tombe pas, elle change mais encore bien meilleur que le "mien", l'original The bricks that builds the houses est bien sûr tout à fait adéquat, car c'est ça, ces personnages, ces destins, ce peuple sont les briques qui construisent les maisons, la ville.

Becky, Harry et Leon partent pour une cavale avec une valise pleine d'argent mais ce qui intéresse l'auteure, ce n'est pas ça, ce sont les causes, la généalogie en quelque sorte de cette cavale.
Qui est Becky. Qui est Harry. Quelles sont leurs familles. Leurs backgrounds. Comment elles vont se rencontrer - contrairement  au disque, Harry est une fille ici - être irrésistiblement attirées l'une par l'autre, se perdre de vue pour finalement se retrouver sur le même chemin et dans cette même voiture qui s'enfuit dans la nuit.

J'ai quelques réserves : des scènes un peu longues à mon goût et peut-être le fait que tous les personnages principaux soient issus de deux familles, qui si on peut y voir un petit quelque chose de shakespearien, est peu crédible. Mais hormis ça, c'est un très bon livre, très rythmé, avec à chaque page, des phrases qui font mouche, des métaphores pertinentes.
Harry a un frère de cœur, Leon. Elle en a un de sang, Pete, tous les deux ont des parents divorcés et un beau-père, David, qui lui a un fils. Becky a deux oncles et quelque part deux parents qui jouent l'Arlésienne. Ces personnages aiment, vibrent et doutent aussi plus souvent qu'à leur tour et on s'y attache. Je me suis attaché.


Écoute la ville tomber ( Kate Tempest ) ( 2016 ) Éditions Rivage Poche.

dimanche 4 août 2019

Mon chien Stupide - John Fante



Ça commence comme une nouvelle avec enchaînement des faits dans une unité de temps et puis incidemment ça se transforme en roman. Un roman court, mais un véritable roman.

S'il n'y avait que peu de doutes que Bandini était John Fante, il y en a peut-être encore moins dans Mon chien Stupide que Henry J. Molise le soit avec sa femme et ses quatre enfants, sa grande maison à Point Dume, son boulot de scénariste à Hollywood et sa créativité littéraire au point mort elle ...
Henry J. Molise = John Fante. Arturo Bandini = John Fante. Fameuses équations d'où il résulte que Henry J. Molise = Arturo Bandini + Variable de temps. Molise est un Bandini qui a vieillit et mûri mais qui ne peut que garder ce caractère de chaud et de froid. Capable de tout, de tendresse, d'amour, de dureté, de brutalité. Rêvant toujours dans un coin de sa tête d'ailleurs où l'herbe est forcément plus verte, les villes plus belles tout comme les femmes qui y vivent, les mets plus délicats et plus délicieux, mais qui sait parfaitement au fond de lui qu'il ne quittera jamais le chemin sur lequel il s'est engagé. Qui peut-être, s'il n'y réfléchit pas longuement, lui convient.

Mon chien Stupide est loufoque et drôle mais aussi bouleversant. Molise est saisi à un moment crucial de sa vie, quand ses enfants vont quitter les uns à la suite des autres la maison familiale. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Molise-Fante est encore une fois d'une grande lucidité sur lui à ce moment-là.

Mon chien Stupide est la deuxième histoire de Henry Molise après Les compagnons de la grappe. Et ici Molise me paraît plus Molise que dans le précédent. Peut-être parce que dans Les compagnons de la grappe, il s'agissait de la relation entre Henry et son père et que celui-ci accaparait une partie de ce nom alors qu'ici, ses enfants ne le font pas.

Dans Mon chien Stupide, il y a aussi un gros chien. Un des fils de Molise l'appelle Stupide. Et ça lui va.


Mon chien Stupide ( John Fante ) ( 1985 ) Éditions 10/18.

Album de la semaine #52

Rain dogs - Tom Waits - 1985 Extrait : Downtown train Voilà, c'est le dernier post de ce blog. Merci à tous les visiteurs, merci pour to...