jeudi 28 novembre 2019

A Thanksgiving prayer - William S. Burroughs



Texte : William S. Burroughs
Film : Gus Van Sant

A Thanksgiving prayer 

To John Dillinger and hope he is still alive
Thanksgiving Day, November 28, 1986

Thanks for the wild turkey and the passenger pigeons destined to be shit out through wholesome American guts
Thanks for a continent to despoil and prison
Thanks for Indians to provide a modicum of challenge and danger
Thanks for vast herds of bison to kill and skin leaving the carcasses to rot
Thanks for bounties on wolves and coyotes
Thanks for the American dream to vulgarize and falsify until the bare lies shine through
Thanks for the KKK
For nigger-killin' lawmen, feelin' their notches
For decent church-goin' women with their mean, pinched, bitter, evil faces
Thanks for "Kill a queer for Christ" stickers
Thanks for laboratory AIDS
Thanks for Prohibition and the war against drugs
Thanks for a country where nobody's allowed to mind his own business
Thanks for a nation of finks
Yes, thanks for all the memories ... all right let's see your arms !
You always were a headache and you always were a bore
Thanks for the last and greatest betrayal of the last and greatest of human dreams


Une prière de Thanksgiving 

A John Dillinger en espérant qu'il est toujours en vie
Thanksgiving, 28 Novembre 1986

Merci pour les dindes sauvages et les pigeons migrateurs destinés à être chiés par de saines tripes d'Américains
Merci pour un continent à dépouiller et à empoisonner
Merci pour les Indiens qui ont fourni un soupçon de défi et de danger
Merci pour les vastes troupeaux de bisons à massacrer et à dépecer en laissant pourrir les carcasses
Merci pour les primes sur les loups et les coyotes
Merci pour le Rêve Américain à dévoyer et à falsifier jusqu'à ce que les mensonges règnent en majesté
Merci pour le Ku Klux Klan
Les policiers tueurs de négres, caressant les encoches de leurs armes
Et les bigotes avec leurs visages mesquins, pincés, amers et mauvais
Merci pour les autocollants "Tuez une pédale au nom du Christ"
Merci pour le Sida de laboratoire
Merci pour la Prohibition et la guerre contre la drogue
Merci pour un pays où personne n'a le droit de s'occuper de ses propres affaires
Merci pour une nation d'indics
Oui, merci pour tous les souvenirs ... dis donc fait voir tes bras !
T'as toujours été un mal de tête et t'as toujours été un emmerdeur
Merci pour la dernière et plus grande trahison des derniers et plus grands rêves de l'humanité

dimanche 17 novembre 2019

Just kids - Patti Smith



Just kids est une autobiographie. La vie de Patti Smith jusqu'à 1975, c'est à dire la parution de Horses, son premier album, en prenant pour prisme sa relation d'abord amoureuse, puis amicale mais avant tout artistique avec  le photographe Robert Mapplethorpe. Ce livre est la promesse faite juste avant la mort de celui-ci de "raconter leur histoire".

Je ne connaissais Mapplethorpe que de nom. En savais-je beaucoup plus sur Patti Smith ? Sa musique oui, bien sûr, que j'ai souvent écouté, un soupçon de sa poésie post-beat, son amour immodéré pour Rimbaud et finalement quoi d'autre ? J'ai découvert quelqu'un de clean malgré son look bohème, ce qui ne cessait de surprendre les gens à l'époque, mais surtout quelqu'un de très cultivé, férue de poésie, américaine, française ... mais aussi de peinture, de photographie ou de cinéma, notamment celui de la Nouvelle Vague. Et de bien d'autres choses encore, tant sa curiosité est grande.

Robert, d'abord dessinateur, peintre, artiste plastique, lorsqu'il s'essaie à la photographie, en fait aussitôt son principal mode d'expression. Ce sera un moyen de montrer l'homosexualité, souvent sans fard ; il vient de découvrir la sienne quelques temps auparavant.
Dessinatrice, Patti l'est aussi mais elle cherche une autre voie - une autre voix - qui lui permette de s'exprimer mieux. Elle compose de la poésie bien sûr depuis longtemps mais ce sont deux révélations : un concert des Doors et une chanson des Byrds, So you want to be a rock'n'roll star qui lui font entrevoir son avenir. Et comme dira Robert, devenir célèbre avant lui.

Just kids m'a transporté autant que Chroniques de Bob Dylan. Si je ne crois pas que Dylan écrivait un journal intime, il avait plus sûrement une grande mémoire, c'est le sien qui a servi de base à Patti Smith. Et elle réussit quelque chose d'une grande clairvoyance et d'une réjouissante honnêteté sur son début de carrière et le livre qu'elle avait promis à Mapplethorpe, celui qui fut "l'artiste de sa vie".


Just kids ( Patti Smith ) ( 2010 ) Editions Folio. 

samedi 9 novembre 2019

Tristessa - Jack Kerouac



Tristessa est peut-être un court roman, peut-être une nouvelle mais plus sûrement un long blues - qui pourrait faire partie des Mexico City blues parce que c'est là qu'il se déroule. Un blues de Kerouac, en deux mouvements, composé comme à son habitude de son écriture de l'instant.
Dès les premières lignes, on est plongé dans le monde de Tristessa, une pièce surchargée, surpeuplée, jeunes, vieux, animaux, crucifix, une pièce sale, malade, droguée. Avec au milieu de tout ça, un Kerouac qui lui ne l'est pas, drogué, mais passablement borracho. Et plombé par cet amour dont il ne sait pas quoi faire pour cette prostituée, cette beauté métisse de Tristessa.  Doit-il la quitter, doit-il l'épouser ? Peut-il la sortir de cet enfer dans lequel elle s'enfonce ...

L'ellipse - et l'éclipse de Jack - de quelques mois entre les deux parties lui fait retrouver une Tristessa encore plus mal en point. Il ne l'a pas sauvé, ne l'a pas épousé et maintenant c'est trop tard. Tout est trop tard. Il ne peut que l'accompagner sur le chemin qu'elle n'a peut-être pas tout à fait choisi, jusqu'à ...
Mais non, il vaut mieux faire comme Jack. Si on s'arrête là, Tristessa ne meurt pas, elle reste cette belle fille métisse qu'il aime et pas le sac d'os qu'elle est presque déjà devenu ...

Un ange a dû passé, probablement un vagabond, et l'envie m'a pris de relire Kerouac, de suivre à nouveau au pas de charge sa prose enflammée, ses humeurs, ses associations d'idées souvent démentes comme ... un solo de sax ? Now's the time tiens.


Tristessa ( Jack Kerouac ) ( 1960 ) Editions Folio

vendredi 8 novembre 2019

Odetta - Joe Henry and Friends / I'm on my way - Rhiannon Giddens

Une vidéo pour "fêter" la sortie le 15 Novembre du nouvel album de Joe Henry, The gospel according to water.
La chanson Odetta de son album Reverie enregistrée à l'émission japonaise On the shelf avec Lisa Hannigan, John Smith et Ross Turner. 
J'ai essayé de traduire les paroles mais j'ai abandonné, il y a trop de choses qui m'échappent. Joe Henry a dit que sa chanson ne parlait pas de la chanteuse de folk et de blues mais avec un tel prénom, difficile de ne pas y penser.




En bonus, un extrait du nouvel album de Rhiannon Giddens avec Francesco Turrisi et produit par Mister Joe que je viens de découvrir. I'm on my way qu'ils ont composé ensemble.








lundi 4 novembre 2019

Henry et June, Les cahiers secrets - Anaïs Nin



Les cahiers secrets se présentent comme la partie du Journal d'Anaïs Nin qui a trait à sa relation avec le couple Miller, Henry et June, durant l'année 1932.
En Décembre 1931, "J'ai rencontré Henry Miller", cette simple phrase détachée du reste du texte montre qu'Anaïs Nin sait par avance qu'il s'agit d'une rencontre importante. Mais avant Henry et on le dit peu, elle va d'abord tomber amoureuse de June, sa femme.
June repartie tout de suite aux États-Unis, le rapprochement avec Henry devient évident. Un rapprochement de deux écrivains tout d'abord puis très vite celui de deux êtres passionnés. Henry Miller, cet homme vigoureux, impulsif, "toujours vif et joyeux" selon sa devise change Anaïs de la timidité et de l'impuissance de son mari Hugo.

Il s'agit d'une version hybride du Journal. Ni la version intégrale, ni la version expurgée parue en premier lieu mais plutôt une compilation Miller.
A la lecture d'un journal intime, la vérité d'un jour ne sera pas celle du lendemain et ici, comme il n'y a aucune mention des jours mais uniquement celle des mois, c'est la vérité d'un paragraphe qui ne sera pas celle du suivant.

Il faut dire qu'Anaïs se pose beaucoup de questions parce qu'elle doit jongler entre quatre hommes cette année-là : son mari Hugo bien sûr, Miller donc, mais aussi son cousin Eduardo et son psychiatre René Allendy, qui tous sont amoureux d'elle et qui tous vont l'aimer physiquement.
Sans parler de l'absente June, dont le retour surprise à Paris en Octobre 1932 trouble au plus haut point Anaïs et Henry.
Mais la fin du livre n'est bien entendu pas la fin du Journal ni même celle de sa relation avec les Miller, qui se poursuivra pendant une bonne partie des années 30.
"Ainsi, Henry vient cet après-midi et demain je sors avec June."

Album de la semaine #52

Rain dogs - Tom Waits - 1985 Extrait : Downtown train Voilà, c'est le dernier post de ce blog. Merci à tous les visiteurs, merci pour to...