mardi 23 juin 2020

Muse - Joseph O'Connor



Je ne sais pas par quoi commencer. Faut-il dire d'abord que Muse est un sacré grand bouquin ou que malgré ça, je trouve le parti pris de Joseph O'Connor un peu déroutant, ambigu ? En effet, si vous êtes en quête de la vérité sur Molly Allgood, sur John Synge ou même sur Yeats ou Lady Gregory, ce n'est pas là qu'il faut venir. Joseph O'Connor a fait une œuvre de pure fiction avec certains faits réels pour base. L'histoire d'amour de Molly et John fut loin d'être telle, les lettres dans le livre sont inventées. La fin de vie de Molly ne fut pas aussi pathétique dans la réalité. Je me suis demandé en refermant le livre pourquoi O'Connor n'avait pas décidé de changer les noms des protagonistes.
Molly Allgood, sous son nom de scène Maire O'Neill, est une actrice comme sa sœur Sara, mais moins célèbre que cette dernière et lorsque nous tombons sur elle au début des années 50, elle vit les derniers jours de sa vie. Elle a deux penchants : un pour la boisson, un autre pour les souvenirs. Un peu toujours les mêmes. Ceux ayant trait à son grand amour, le dramaturge John Millington Synge. Elle dit d'ailleurs dans une lettre : "J'imagine que quand on est vieux, les souvenirs sont comme des pierres, on pose toujours le pied sur celles qu'on connaît bien pour ne pas tomber."
Puisqu'alors nous sommes assez loin de la réalité, on peut donc dire que c'est un magnifique personnage qu'a créé Joseph O'Connor. Une femme forte, intelligente, lucide, passionnément amoureuse malgré toutes les oppositions, drôle aussi.
On ne commande rien à l'amour et elle, Molly, cette belle jeune femme de 19 ans va aimer un homme de quasiment vingt ans de plus qu'elle, un homme casanier, frileux, soucieux du qu'en-dira-t'on, un fils à sa maman, perpétuellement perdu dans ses pensées et l'élaboration de son œuvre.
Entre son présent de 1952 et son passé du début du siècle, Molly navigue, ou plutôt dérive. Elle a pour compagnie une voix - sa conscience, quoi d'autre ? - qui la tutoie effrontément. Elle la laisse la juger, l'admonester, la moquer. A ses voix-là, que peut-on répondre ?


Muse ( Joseph O'Connor ) ( 2010 ) Éditions Phébus.

lundi 15 juin 2020

Cristal qui songe - Theodore Sturgeon



J'ai été déçu par ce livre de Theodore Sturgeon, pourtant un auteur de fantasy réputé. Publié en 1950, on peut dire qu'il a vieilli, et mal. Le style, s'il y en a un, est plat, trop plat même pour un livre de genre.
Cristal qui songe nous raconte l'histoire de Horty, un enfant dont on découvre vite qu'il est doté de pouvoirs exceptionnels, qui bien sûr font un envieux, un patron de fête foraine, Pierre Ganneval, dit le Cannibale. Pourquoi Ganneval cherche Horty ? D'où viennent ses pouvoirs ? Quel est le rôle des cristaux ? Je n'en dis pas plus. L'histoire en elle-même est loin d'être mauvaise, c'est son traitement qui l'est selon moi.
J'ai lu Cristal qui songe parce que j'ai appris que la série La caravane de l'étrange en était une adaptation. J'avais regardé cette série et j'en étais devenu accro jusqu'à ce qu'elle s'arrête net faute d'audience au bout de deux saisons sur les six prévues. Le livre de Sturgeon y était transporté très librement pendant la grande dépression des années 30.
Le titre de ce livre, je l'ai trouvé dans Dans le café de la jeunesse perdue. De tous les bouquins de science-fiction que Louki a lu, c'est le seul qu'elle est conservé.
Moi, je conserve le livre de Modiano, pas celui de Sturgeon.


Cristal qui songe ( Theodore Sturgeon ) ( 1950 ) Éditions J'ai lu. 



mardi 9 juin 2020

Bullitt - Peter Yates



Dans la nuit de San Francisco, il court à perdre haleine. Sur la piste de l'aéroport, il court après celui qui a mené tout le monde en bateau. Il porte une veste marron et un pull bleu à col roulé, un pantalon dans les tons noirs. Il se couche à un moment sur le tarmac entre les roues et le bruit assourdissant d'un avion de ligne. Et l'avion passé, il se relève et reprend sa course. Il porte la même tenue que lors de sa poursuite en voiture derrière le duo de tueurs.
Cette poursuite en Mustang, peut-être la plus mythique du cinéma, mais aussi, avant elle, lorsqu'il se gare dans la rue devant chez lui et fait quelques courses dans une épicerie avant de rentrer, lui et Cathy s'arrêtant sur le bord de l'autoroute parce qu'elle se sent mal après avoir été témoin de l'horreur du métier de son compagnon, son regard clair et celui sombre de son coéquipier Delgetti scrutant la foule de l'aéroport et bien sûr cette musique de Lalo Schiffrin ... tant de choses me restaient. Tant de choses me resteront ...
Bullitt, ce personnage et ce film, avec leur économie de mots, portent en eux et me la ramènent à chacun de mes visionnages une belle partie de mon enfance.


Bullitt ( Peter Yates ) ( 1968 )


lundi 8 juin 2020

Océans - Jacques Perrin / Jacques Cluzaud

C'est un impressionnant, un époustouflant ballet de bulles, de geysers, de tempêtes, de couleurs, de reflets, de scintillements, d'ondoiements, de louvoiements, de virages à 90, à 180, à 360, de vitesse, de force et de légèreté à la fois que proposent Jacques Perrin et Jacques Cluzaud. Aidés par des avancées techniques, par toute une équipe de photographes et caméramen  aventuriers et de leur patience infinie, ils ont réussi à collecter des images toutes étonnantes de créatures. Celles que je ne connaissais pas et aussi et surtout celles que je connaissais déjà mais que je n'avais jamais vu comme ça. Que je n'imaginais pas comme ça.
Un beau conte et un grand film écologique.




Océans ( Jacques Perrin / Jacques Cluzaud ) ( 2009 ).

dimanche 7 juin 2020

Les huit montagnes - Paolo Cognetti



Pour certains hommes, il n'y a finalement qu'une montagne qui compte vraiment. Celle où ils naissent et grandissent. C'est le cas pour Bruno qui y est né et ne connaît que celle-ci. Mais c'est le cas aussi pour Pietro, le narrateur, que Bruno surnomme Berio, qui signifie "rocher", qui y a grandi. Il n'y a qu'une montagne à lui faire cet effet, à lui faire ressentir ces émotions, à le faire en quelque sorte être lui. Cette montagne, il faut dire qu'il l'a comme reçue en héritage.
Une autre chose dont il a hérité aussi, c'est d'un père qu'il ne soupçonnait pas. Son père, il l'a laissé tomber comme beaucoup d'ados le font, mais en découvrant ou retrouvant différents objets, il comprendra enfin cet homme qu'il avait probablement mal jugé.
Cependant, ce qui domine dans cette histoire, c'est cette relation amicale entre Bruno et Berio. L'un paysan, gaillard, irrémédiablement ancré à son petit bout de pays et l'autre, plus fragile en apparence, globe-trotter, mais toujours mystérieusement ramené vers la montagne de son enfance.
Un deuxième livre de Paolo Cognetti, après Sofia s'habille toujours en noir, que j'ai aimé. Les deux attachants personnages principaux nous entraînant à travers sentiers, pierrailles, torrents, alpages, vires et cairns, vers une nature où il est interdit de tricher.


Les huit montagnes ( Paolo Cognetti ) ( 2016 ) Éditions Le Livre de Poche.

Album de la semaine #52

Rain dogs - Tom Waits - 1985 Extrait : Downtown train Voilà, c'est le dernier post de ce blog. Merci à tous les visiteurs, merci pour to...