mardi 3 décembre 2019

Fonds perdus - Thomas Pynchon



Reg Despard débarque à son agence d'enquêtes spéciale fraudes pour lui faire part de ses doutes sur la société d'un certain Gabriel Ice et voilà Maxine Tarnow-Loeffler plongée dans les méandres d'une intrigue à travers la société new-yorkaise, sur la piste de preuves des malversations dudit Ice.
Et comme nous sommes bien dans un roman de Pynchon, que c'est sa dernière cosmogonie en date, nous allons croiser une multitude de personnages. Alors, qu'avons-nous entre autres cette fois-ci ? Une lanceuse d'alerte acharnée, des mafieux russes atypiques, des geeks de tous poils, quasiment un derrière chaque porte, des vidéastes amateurs, des espions professionnels, à moins que ce ne soit l'inverse ; une sœur et un beau-frère, ex-kibboutzim de fraîche date, une meilleure amie énervante, un amant-mercenaire au passé très douteux mais au physique qui ne l'est pas, un Loeffler, celui de son nom, se trouvant être son ex-mari, qui pourtant ne pourrait pas être plus présent. Et puis, bien sûr, ses prunelles, Ziggy et Otis, les garçons.
Maxine devra pour son enquête faire quelques descentes plus ou moins prolongées dans le Web Profond, faire face là-bas à une réalité viciée, où gravitent des avatars si bien que ... revenue dans la "viande-sphère", elle se demandera si ce papier qui volette sur le trottoir n'est pas dirigé par quelque main posé sur une souris, face à tel panorama du Yupper East Side, comme le surnomme Pynchon, s'il n'y aurait pas dans le coin à droite quelque icône pour en sortir d'un clic.

Ceux qui n'aiment pas Pynchon - l'écrivain de la paranoïa ( "Pour moi, non, la paranoïa est l'ail dans la cuisine de la vie, pas vrai, il n'y en a jamais trop", fait-il dire à Maxine), invisible ( une seule photo authentifiée de lui qui date de ses années de lycée ) est en effet clivant, avec ses fans inconditionnels, dont je pourrais faire partie parce que ce Monsieur a écrit V. - n'aimeront sûrement pas celui-là.  Il est comme tous les autres touffu, crypté, labyrinthique, souvent obscur, peuplé de personnages barrés, loufoques ... Mais deux choses pourraient quand même les convaincre. Pynchon pare Maxine du fameux humour juif new-yorkais et ça fait souvent des étincelles. Et puis surtout, ah mais c'est vrai, je ne vous l'ai pas dit, on est en 2001 et après le 11 Septembre et l'attentat sur les tours, tout change. Pas vraiment et pas longtemps dans la vie de New York. Mais dans le ton de Pynchon, rarement aussi grave dans une de ses fictions. Et on sait que pour lui, fiction ne sera jamais un vain mot. Peut-être est-ce là comme un chant d'amour en creux pour sa ville ...


Fonds perdus ( Thomas Pynchon ) ( 2013 ) Éditions Points.


2 commentaires:

  1. Une fois j'ai emprunté un Pynchon à la Biblio. Je ne sais plus lequel. J'ai renoncé très très vite. A bientôt.

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  2. Je comprends tout à fait qu'on accroche pas. Il y a des moments formidables mais aussi des moments ennuyeux ou difficiles où je suis perdu. Mais la lecture de V. et Vente à la criée du lot 49 m'a scotché quand même. Je ne suis pas sûr de le vendre très bien comme ça mais bon ... :)
    A bientôt.

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