samedi 5 septembre 2020

Balthazar - Lawrence Durrell

 


Toujours sur son île, le narrateur, dont on apprend enfin le nom, Darley, reçoit la visite éclair et surprise de Balthazar. Darley lui a en effet envoyé le manuscrit de "Justine". Balthazar vient le lui ramener et geste décisif, il s'est permis de mettre des commentaires dans les marges, lui révélant des réalités insoupçonnées, ainsi que de nombreuses erreurs dans le récit original.

La principale révélation de Balthazar est la destruction pure et simple de l'histoire d'amour avec Justine. Duperie, manipulation, le pauvre Darley va devoir faire avec ces mots-là, avec les sentiments qui en découlent : il faut qu'il se souvienne encore et dorénavant qu'il se souvienne mieux. Pourquoi la mauvaise humeur de Nessim, si celui-ci était au courant, s'il avait même encouragé cette liaison ? N'est-ce pas plutôt à cause de problèmes d'ordre politique ? Ce complot copte contre les intérêts anglais dont Nessim est l'instigateur, aidé par son frère Narouz, comment Darley a-t-il pu passer à côté ? Deux frères qui sont aussi dissemblables que possible : là où Nessim est beau, brillant, à l'aise en société, son frère est un homme de la terre, brute, sauvage et affublé d'un bec de lièvre. Son amour, non partagé certes, avec la belle Clea et de surprenantes qualités d'orateur, s'ils le sauvent à nos yeux, ne le feront peut-être pas aux yeux de certains.

Le suicide de Pursewarden, le seul véritable amour de Justine selon Balthazar, est encore vecteur de mystères ... Une histoire de mort de plus, une simple histoire d'Alexandrie ? à placer à côté de celle de Scobie, le policier travesti en femme qui se fait assassiner dans cet accoutrement ? Mais n'est-ce pas plus que ça, tant Pursewarden semblait avoir lui aussi d'autres implications que sentimentales dans sa vie ?

Dans ce deuxième tome du quatuor, si certains sont tombés, les masques ont toujours leur utilité, comme dans la grande scène du bal chez les Cervoni. Un masque, une cape comme à Venise et la seule façon de distinguer un homme d'une femme,  ce sont les mains. On peut voir si la personne porte une bague, mais si on ne regarde pas attentivement ... Narouz en fera les frais.


Balthazar ( Le quatuor d'Alexandrie 2 ) ( Lawrence Durrell ) ( 1958 ) Éditions Buchet/Chastel et Éditions Le Livre de Poche ( La Pochothèque )




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