lundi 30 décembre 2019

Le hérisson dans le brouillard - Youri Norstein

Dans Fonds perdus, Thomas Pynchon fait de deux mafieux russes des fans de ce court métrage d'animation. Ils sont émus aux larmes en y repensant. Sacré Pynchon !


Le hérisson dans le brouillard ( Yozhik v tumane ) - Youri Norstein ( 1975 ) 




Bon réveillon du nouvel an à tous ! A l'année prochaine !

jeudi 26 décembre 2019

Le Dieu des petits riens - Arundhati Roy



Si ce n'est pas déjà fait, lisez le Dieu des petits riens. Je ne devrais dire que ça, tant ce livre est un chef d'œuvre, tant tout ce que je pourrais écrire serait terne et ne saurais capter qu'une infime partie de ce qu'il est.
Les deux jumeaux Esta et Rahel, leur mère Ammu, leur oncle Chacko, leur tante Baby Kochamma, Mammachi, leur grand-mère et Velutha, celui que l'histoire a choisi pour advenir sont inoubliables mais tous les personnages le sont, des principaux jusqu'aux secondaires. Inoubliable aussi ce pays, l'Inde, dans ses deux époques, celle de la fin des années 60, où des gens ne peuvent toujours pas être touchés, où tous les hommes battent leurs femmes derrière les murs de leurs foyers et l'autre, vingt-cinq ans plus tard, ouverte au modernisme, à la télévision. Inoubliable ce monde de l'enfance d'Esta et Rahel, parce qu'inoubliable le style d'Arundhati Roy et ses très nombreuses trouvailles de langage, un monde qui parfois se heurte de plein fouet avec celui des adultes et inoubliable donc cette scène au cinéma où La mélodie du bonheur devient celle du malheur pour un petit garçon ...
J'arrête là. Je ne saurais dire comment et combien ce livre est politique, poétique, drôle, déchirant et sublime souvent.
Si ce n'est pas déjà fait, lisez le Dieu des petits riens.


Le Dieu des petits riens ( Arundhati Roy ) ( 1997 )  Editions Folio.

mercredi 25 décembre 2019

dimanche 22 décembre 2019

Le maître de Ballantrae - Robert Louis Stevenson



Il est quand même fort Stevenson. On est happé par ce récit d"aventures qui n'en sont pas vraiment raconté qui plus est par un majordome au langage compassé. Il faut dire aussi que celui-ci sait ménager le suspense et n'hésite pas à faire intervenir les mémoires du Chevalier de Burke, compagnon de route de James Durrie.
Nous sommes en Ecosse. Dans le château de Durrisdeer et de Ballantrae. Les deux  fils du vieux Lord qui ont joué à la pièce un départ à la guerre vont, dès cet instant, entrer dans une lutte sans merci pour en premier lieu le titre de Maître de Ballantrae mais aussi pour l'amour d'une femme et, on peut finalement le dire, pour tout tant leurs personnalités sont antagonistes. Il y a James, l'aîné, l'aventurier, le fougueux, le manipulateur et il y a Henry, le terne, le sédentaire, le "gentil".
Cette histoire est le périple de James, désigné Maître de Ballantrae par droit d'aînesse comme il parvient à ceux qui sont restés au château, déformé, avec des manques, avec plusieurs annonces de sa mort, sans que celle-ci soit vraiment envisagée par Henry, par le narrateur Mackellar et donc par le lecteur. Et finalement, nous ne pourrons que partager les espoirs, les doutes et l'avis de Mackellar qui bien que toujours loyal à Henry-l'Abel ne pourra s'empêcher de ressentir de l'admiration pour James-le Caïn, sachant aussi par avance que l'affrontement final ne saurait être évité.


PS : J'ai lu ce livre dans une vieille édition. Rombaldi ( 1946 ). Véritablement un charme supplémentaire.
Je l'ai trouvé dans une boîte à livres. Je ne suis pas sûr que sans ça, j'aurais eu l'idée de le lire. Une chouette idée, ces boites à livres.


Le maître de Ballantrae ( Robert Louis Stevenson ) ( 1888 ) Edition Rombaldi.

lundi 9 décembre 2019

Meu amor meu amor ( Lhasa ) ( Amalia Rodrigues )





Meu amor meu amor

Meu amor meu amor
Meu corpo em movimento
Minha voz á procura
Do seu próprio lamento

Meu limão de amargura
Meu punhal a crescer
Nós parámos o tempo
Náo sabemos morrer

E nascemos, nascemos
Do nosso entristecer

Meu amor meu amor
Meu pássaro cinzento
A chorar a lonjura
Do nosso afastamento

Meu amor meu amor
Meu nó de sofrimento
Minha mó de ternura
Minha nau de tormento

Este mar não tem cura
Este ceú não tem ar
Nós parámos o vento
Náo sabemos nadar

E morremos morremos
Devagar devagar


Mon amour mon amour

Mon amour mon amour
Mon corps en mouvement
Ma voix à la recherche
De son propre regret

Mon citron d'amertume
Mon poignard qui grandit
Nous arrêtons le temps
Nous ne savons pas mourir

Et nous naissons naissons
De notre tristesse

Mon amour mon amour
Mon oiseau gris
A pleurer la distance
De notre éloignement

Mon amour mon amour
Mon nœud de souffrance
Mon fardeau de tendresse
Mon navire de tourment

Cette mer ne guérit pas
Ce ciel n'a pas d'air
Nous avons arrêté le vent
Nous ne savons pas nager

Et nous mourrons mourrons
Lentement lentement

mardi 3 décembre 2019

Fonds perdus - Thomas Pynchon



Reg Despard débarque à son agence d'enquêtes spéciale fraudes pour lui faire part de ses doutes sur la société d'un certain Gabriel Ice et voilà Maxine Tarnow-Loeffler plongée dans les méandres d'une intrigue à travers la société new-yorkaise, sur la piste de preuves des malversations dudit Ice.
Et comme nous sommes bien dans un roman de Pynchon, que c'est sa dernière cosmogonie en date, nous allons croiser une multitude de personnages. Alors, qu'avons-nous entre autres cette fois-ci ? Une lanceuse d'alerte acharnée, des mafieux russes atypiques, des geeks de tous poils, quasiment un derrière chaque porte, des vidéastes amateurs, des espions professionnels, à moins que ce ne soit l'inverse ; une sœur et un beau-frère, ex-kibboutzim de fraîche date, une meilleure amie énervante, un amant-mercenaire au passé très douteux mais au physique qui ne l'est pas, un Loeffler, celui de son nom, se trouvant être son ex-mari, qui pourtant ne pourrait pas être plus présent. Et puis, bien sûr, ses prunelles, Ziggy et Otis, les garçons.
Maxine devra pour son enquête faire quelques descentes plus ou moins prolongées dans le Web Profond, faire face là-bas à une réalité viciée, où gravitent des avatars si bien que ... revenue dans la "viande-sphère", elle se demandera si ce papier qui volette sur le trottoir n'est pas dirigé par quelque main posé sur une souris, face à tel panorama du Yupper East Side, comme le surnomme Pynchon, s'il n'y aurait pas dans le coin à droite quelque icône pour en sortir d'un clic.

Ceux qui n'aiment pas Pynchon - l'écrivain de la paranoïa ( "Pour moi, non, la paranoïa est l'ail dans la cuisine de la vie, pas vrai, il n'y en a jamais trop", fait-il dire à Maxine), invisible ( une seule photo authentifiée de lui qui date de ses années de lycée ) est en effet clivant, avec ses fans inconditionnels, dont je pourrais faire partie parce que ce Monsieur a écrit V. - n'aimeront sûrement pas celui-là.  Il est comme tous les autres touffu, crypté, labyrinthique, souvent obscur, peuplé de personnages barrés, loufoques ... Mais deux choses pourraient quand même les convaincre. Pynchon pare Maxine du fameux humour juif new-yorkais et ça fait souvent des étincelles. Et puis surtout, ah mais c'est vrai, je ne vous l'ai pas dit, on est en 2001 et après le 11 Septembre et l'attentat sur les tours, tout change. Pas vraiment et pas longtemps dans la vie de New York. Mais dans le ton de Pynchon, rarement aussi grave dans une de ses fictions. Et on sait que pour lui, fiction ne sera jamais un vain mot. Peut-être est-ce là comme un chant d'amour en creux pour sa ville ...


Fonds perdus ( Thomas Pynchon ) ( 2013 ) Éditions Points.


Album de la semaine #52

Rain dogs - Tom Waits - 1985 Extrait : Downtown train Voilà, c'est le dernier post de ce blog. Merci à tous les visiteurs, merci pour to...