J'ai arrêté de faire des comptes rendus de mes lectures. Je ne trouve pas les mots pour dire mon enthousiasme ou ma déception. Trop souvent, je ne sais pas : quoi dire, quoi ne pas dire. En résumé, je n'aime pas comment j'en parle. La vérité, c'est que je n'ai pas réussi à trouver un ton original, un angle. Quelque chose qui me donnerait envie. Je me trouve pompeux.
Mais je ne peux pas résister à cette envie-ci. Celle de dire que je continue la lecture d'Aharon Appelfeld. Un des écrivains qui m'a le plus emballé ces derniers temps.
En fin d'année dernière, j'ai lu Badenheim 1939. Dans cette station balnéaire, tout semble comme les années précédentes, les habitués sont là. Les soucis n'ont rien que de très normal. Par exemple, l'organisateur du festival de musique attend impatiemment la confirmation de la présence d'un célèbre chef d'orchestre. Mais des changements infimes apparaissent, une tension devient petit à petit perceptible.
Dans L'immortel Bartfuss, le Bartfuss en question, rescapé des camps, erre dans la ville. De son appartement qu'il partage avec sa femme auquel il n'adresse plus la parole et celle de ses deux filles, légèrement attardée, qui est restée, il va aux bars et à la plage. Quotidiennement. Il va comme ça dans un monde absurde d'une paranoïa domestique aux visages qu'il reconnaît, qui le font se souvenir, lui qui n'a jamais parlé, qui n'a jamais rien dit de ce qu'il a vécu.
Histoire d'une vie n'est pas une autobiographie comme les autres. En courts chapitres, chroniques, Aharon Appelfeld retrace son parcours de son enfance à son installation en Israël et dans le métier d'écrivain. Celui que la guerre et son changement de langue ont pu priver longtemps de mots, dissèque avec une très grande acuité une vie. Sa vie.
Badenheim 1939 ( 1979 ) / L'immortel Bartfuss ( 1983 ) / Histoire d'une vie ( 1999 ) - Aharon Appelfeld - Éditions de L'Olivier / Éditions Points.