dimanche 17 juillet 2022

L'immortalité - Milan Kundera



Troisième fois que je lis Milan Kundera. Il y a très longtemps, j'avais essayé de l'aborder avec La lenteur et il y a quelques années, j'ai lu La fête de l'insignifiance. L'immortalité m'a marqué. 

Principaux personnages 

Agnès 
Paul, mari d'Agnès 
Brigitte, fille d'Agnès et Paul
Laura, sœur d'Agnès
Bernard Bertrand, ami de Paul
Gœthe
Christiane, femme de Gœthe
Bettina von Arnim 
Ernest Hemingway 
Professeur Avenarius
Milan Kundera, le narrateur
La jeune fille suicidaire sur la route
Rubens - Ce n'est pas Rubens le peintre. C'est un Rubens du vingtième siècle dont les seuls problèmes sont liés à ses relations avec les femmes. 

- "Ce n'est pas racontable.
- Dommage. 
- Pourquoi dommage ? C'est une chance. De nos jours, on se jette sur tout ce qui a pu être écrit pour le transformer en film, en dramatique de télévision ou en bande dessinée. Puisque l'essentiel, dans un roman, est ce qu'on ne peut dire que par un roman, dans toute adaptation ne reste que l'inessentiel. Quiconque est assez fou pour écrire encore des romans aujourd'hui doit, s'il veut assurer leur protection, les écrire de telle manière qu'on ne puisse pas les adapter, autrement dit qu'on ne puisse pas les raconter."


L'immortalité - Milan Kundera ( 1990 ) Editions Folio. 

jeudi 14 juillet 2022

Katerina / Floraison sauvage - Aharon Appelfeld



Katerina, ayant maintenant quatre-vingt ans, a l'impression que sa boucle est bouclée.  Elle est revenue dans le village qui l'a vu naître et elle éprouve le besoin de se raconter. Son histoire qui semble s'être déroulée comme en parallèle de la Grande y est tout de même bien liée d'une façon terriblement intime.
C'est une longue confession qu'elle va nous faire, sans fioritures mais pourtant détaillée, avec toute la sérénité que permet le recul des années passées. 
Katerina est née à la campagne en Ruthénie. Chassée par la mort de sa mère et l'indifférence de son père, elle rejoint la ville où elle se fait servante chez un couple juif. Et c'est à cette occasion que, bien que chrétienne et en complète opposition avec l'atmosphère ambiante, elle commence à ressentir une grande attirance pour le peuple de Moïse, sa culture, sa religion et ses fêtes. Son emploi chez une musicienne la confortera en cela.
Apres ça, elle retournera à la rue, à la dérive, en emportant avec elle comme tout au long de sa vie, des visions de ses "chers disparus", tous ceux qu'elle a aimés et qui ont rejoint le Royaume de la Vérité. Elle connaîtra le plus grand bonheur et le plus grand malheur et c'est d'un observatoire particulier qu'elle verra la montée du nazisme et la Seconde Guerre Mondiale.




Gad et Amalia sont frère et sœur. Ils vivent seuls sur la cime d'une montagne car Gad a accepté l'héritage de leur famille et l'atypique travail de gardien du cimetière des Martyrs. Amalia, ne s'étant pas mariée avec un homme dans la plaine, l'a accompagné. 
Durant l'été, ils reçoivent la visite régulière de pèlerins qui font l'ascension pour venir se recueillir mais en hiver, la vie est rude là-haut, une neige épaisse recouvre tout. Ils vivent de ce fait en ermites, avec leurs chiens, leur vache et les provisions de nourriture et de Slivovitz qu'ils ont pu faire.
Gad, étant l'aîné, considère que c'est son devoir de veiller sur sa petite sœur, mais comme pour son emploi, bien des doutes l'assaillent quant à ses capacités., ne cessant de se faire violence pour avancer, de chercher ses mots ou ceux de la loi.
Amalia, à l'exact opposé de lui, toute beauté et candeur, ne fait les choses que par passion. Elle est proche de la nature, des animaux, du Créateur mais de noirs démons viennent tout de même la visiter.
Ces deux-là s'aiment d'un amour hors du commun et il leur faudra bien tout cet amour pour surmonter l'année qui se prépare. L'hiver sera dune rudesse exceptionnelle et l'été, qui au lieu de leur amener des pèlerins leur enverra les échos de la plaine ployant sous une épidémie de typhus.

Katerina ... Gad et Amalia : trois personnages remarquablement fouillés d'un grand romancier dont j'ai aimé aussi la plume limpide. Impatient donc de rencontrer d'autres de ses personnages. 


Katerina ( 1992 ) Floraison sauvage ( 1994 ) ( Aharon Appelfeld ) Editions Points. 

lundi 11 juillet 2022

The Fitzgerald - Richmond Fontaine



Parce qu'a été cité à juste titre dans une critique Raymond Carver - pour preuve dans le disque Incident at Conklin Street fait penser à Tant d'eau si près de la maison du nouvelliste américain - dans ma discothèque il y a The Fitzgerald de Richmond Fontaine - malheureusement, c'est le seul que je possède - et je suis toujours fasciné par les chansons-nouvelles du compositeur-chanteur et ... écrivain Willy Vlautin. Toujours étonné par leur équilibre, par comment elles marchent bien que beaucoup d'entre elles ne s'appuient pas sur des refrains.


Laramie, Wyoming 
     ( Willy Vlautin ) 




mardi 7 juin 2022

Good - Morphine



Parce que j'ai eu un collègue de stage qui s'appelait Sylvain, parce qu'on a pu se retrouver pour boire des coups au bar mais aussi dans son appartement à côté de la cathédrale, il m'a fait découvrir Morphine - je me rappelle un micro-débat avec un de ses potes sur l'absence de guitare dans la formation, le pote en question étant pour en mettre un peu, Sylvain au contraire répétant que c'était une des grandes originalités du groupe et que c'était très bien comme ça - et il y a dans ma discothèque Good et trois de leurs quatre autres albums et parce que Dieu ou le destin ou qui que ce soit a décidé de faire mourir Mark Sandman en plein concert, il n'y en a malheureusement pas plus.


The saddest song 
   ( Mark Sandman ) 




lundi 6 juin 2022

Le monde du sexe - Henry Miller



Le monde du sexe est un essai qu'Henry Miller a publié une première fois en 1940, c'est à dire juste après Tropique du Capricorne et son départ définitif de Paris et qu'il a revu et corrigé en 1957 à Big Sur pour, dit-il, en préciser le propos. C'est à même le livre original qu'il se lance dans sa correction. Il fera la même chose pour un autre de ses livres, Jours tranquilles à Clichy, écrit et corrigé aux mêmes époques. 
Si cette étude est importante à ses yeux, pour qu'il prenne la peine de la revoir, c'est que les critiques qu'il reçoit de la part de certains de ses lecteurs sur le sexe dans ses livres semblent le chagriner encore en 1957. Il pense à juste titre qu'ils n'ont pas compris ce qu'il a voulu faire.
Et c'est peut-être plus dans sa forme que dans le fond que l'essai ici parle de la place du sexe dans l'œuvre de Miller. Il part de là bien sûr, c'est le titre du livre, évoquant certaines étapes de son initiation amoureuse, mais rapidement par bifurcations et petits chemins comme à son habitude, c'est à l'avenir de l'homme dans son ensemble qu'il s'intéresse. Il n'y a pas beaucoup de sexe dans les livres d'Henry Miller, et dans cet essai non plus.
Ce n'est peut-être pas le meilleur des livres de Miller mais il rejoint ceux dans lesquels il revient sur son œuvre et il est souvent assez bon à ce jeu-là. Une œuvre qu'il a, tout au moins pour sa plus grande part planifié, lui qui semble pourtant ne suivre que les multiples fils de sa pensée. 


Le monde du sexe - Henry Miller ( 1940 ) ( 1957 ) Editions Bartillat. 

dimanche 15 mai 2022

L'oiseau Canadèche - Jim Dodge



L'oiseau Canadèche est vraiment un livre atypique. On peut l'appeler nouvelle, novella, mais c'est un roman, même s'il ne fait pas cent pages. Ce premier livre de Jim Dodge préfigure dans une grande mesure Stone junction publié six ans plus tard. On imagine facilement Pépé Jake comme un des précepteurs de Daniel. Daniel qui a d'ailleurs des points communs avec Titou, ne serait-ce que par le fait qu'ils vont perdre tous les deux leur mère de manière brutale dans leur plus jeune âge. 

Après la mort de sa fille, Jake recueille son petit fils Titou chez lui.
Jake a fini par se trouver son chez-lui après une vie bien remplie par les bourlingues, les échecs, les parties de poker et les mariages qui, c'est le moins que l'on puisse dire, furent courts. Dans ce refuge, il a trouvé sa voie. Il fait du whisky et il reste tranquille. Il faut dire qu'il croit fermement que le breuvage qu'il fabrique - qu'il baptise le Vieux Râle d'Agonie parce que c'est d'un indien au seuil de la mort qu'il tient la recette - rend immortel. Alors Jake a tout le temps. 
Titou - c'est un surnom ; on lui a donné celui-ci parce que c'est un sacré malabar - n'avait plus que son Pépé Jake. C'est donc chez lui qu'il a échoué. Celui-ci a tout fait dans les règles pour accueillir son petit fils. Dans ses règles à lui et c'est fort dommage que ce ne soit pas les mêmes que celles des autorités. La passion de Titou, ce sont les clôtures, alors il en pose à tous bouts de champs. Si lui et son grand-père ne possèdent aucune tête de bétail, ce n'est qu'un détail. 
C'est alors que survient ce canard colvert, que Pépé Jake appellera Canadèche, qui va devenir le troisième membre d'un beau trio et les jours auraient pu continuer longtemps comme ça, Pépé Jake à son whisky et à sa chaise longue sur la galerie et Titou à ses clôtures, si le gamin ne nourrissait pas une obsession contre les sangliers ... un en particulier. 

L'oiseau Canadèche, celui qui en parle le mieux, c'est Nicolas Richard, le traducteur de Stone junction, dans sa postface judicieuse et drôle à ce conte et grand roman américain miniature. 


L'oiseau Canadèche - Jim Dodge ( 1984 ) Editions 10/18.

mardi 10 mai 2022

Les cafards - Jo Nesbo


Les cafards est le deuxième tome des enquêtes de l'inspecteur Harry Hole après L'homme chauve-souris qui l'avait envoyé en Australie. Cette fois, sa destination sera la Thaïlande. J'avais été impressionné par la première aventure de Hole, je ne m'étais pas ennuyé une seconde malgré la relative longueur du livre, c'est peut-être la raison pour laquelle Les cafards est en comparaison une légère déception. 

L'une des réputations thaïlandaises est la prostitution et c'est bien dans ce milieu qu'auront lieu les investigations de notre inspecteur. Parce que l'ambassadeur norvégien a été retrouvé mort poignardé dans une chambre de motel. Et comme il faut absolument envoyé quelqu'un sur place pour seconder voire plutôt orienter la police thaïlandaise dans ses recherches, Hole est l'homme tout désigné. 
Bien sûr, les premières théories ne feront pas long feu. L'histoire enjambera vite les ruelles glauques de Bangkok pour se précipiter vers les arcanes non moins glauques de la politique et de son poisson-pilote, l'argent. 
Harry Hole, un an à peine après son retour d'Australie dont il a ramené un deuil et des larmes n'a pas le temps de les déposer en Norvège qu'il doit repartir avec. Il a aussi dans sa valise un début de sevrage de son alcoolisme. C'est donc avec tous ces fardeaux à porter qu'il va devoir s'immerger dans cette culture et ces coutumes étrangères s'il veut découvrir les causes de la mort de l'ambassadeur. 

Si Les cafards demeure une enquête plaisante à suivre, avec de nombreuses péripéties, avec un personnage principal attachant du fait de ses blessures et de ses fêlures, je mettrai quand même un bémol sur quelques passages, dont malheureusement la grande scène finale, qui m'ont paru beaucoup trop proches du cinéma, d'un mauvais cinéma d'action. 
Cependant, rien qui pourrait m'empêcher de revenir vers Harry Hole, qu'importe le pays où on décide de le parachuter. Il pourrait très bien rester en Norvège d'ailleurs, car s'y trouve un autre de ses fardeaux ... il concerne sa sœur. 


Les cafards - Jo Nesbo ( 1998 ) Editions Folio Policier. 

lundi 9 mai 2022

Cette brume insensée - Enrique Vila-Matas


 

J'ai lu Cette brume insensée parce que j'ai appris quelque part que dans son roman Enrique Vila-Matas y évoquait Thomas Pynchon et sa qualité de célèbre écrivain fantôme. Je dois avouer que tout ce qui touche à Pynchon de prêt ou de loin, que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons d'ailleurs, m'attire et ce depuis que je suis tombé sur son premier roman, V, il y a peut-être vingt ans. Mais je ne partais pas à l'aveuglette non plus chez Vila-Matas, car la finesse de l'humour et le décalage de Paris ne finit jamais m'avait plu.

Simon n'a pas vu Rainer, son jeune frère depuis vingt ans. Celui-ci a quitté leur Catalogne natale pour s'exiler à New York, où il y est devenu de façon fulgurante un écrivain reconnu, bien qu'à l'instar de Pynchon ou Salinger, il fuit comme la peste toute médiatisation. 
Alors qu'il semblait n'avoir aucun avenir dans la littérature quand il était en Catalogne, Rainer devient immédiatement à New York un auteur de tout premier plan - sous le nom de Grand Bros - grâce à cinq courts romans. L'une des innovations les plus remarquables de ces romans sont leurs nombreux passages intertextuels. Simon, qui se trouve être son fournisseur de citations littéraires pense qu'il y est pour quelque chose, et par conséquent que son frère lui doit une grande partie de son succès. 
Alors que leurs relations se sont limitées à quelques emails laconiques depuis toutes ces années, Rainer annonce à Simon sa venue en Espagne. Pourquoi ? Pour se rendre sur la tombe de leur père récemment disparu ? Pour régler quelques comptes avec son frère ? Pour un solde de tous comptes ? Voilà ce qui cristallise les pensées de Simon tandis que le chemin qu'il prend le mène un peu malgré lui vers ce rendez-vous attendu mais plus encore redouté. 

Thomas Pynchon existe-t-il ? N'est-ce pas plutôt un groupe d'écrivains dont la somme des collaborations donnerait les longs romans auxquels il nous a habitués ? Rainer existe-t-il ? Fait-il partie de ce groupe ? A-t-il écrit entièrement Vice caché ? Est-ce pour cela que ce roman est le moins pynchonien des livres de Pynchon ?
Voilà une petite partie du jeu auquel se livre et nous livre Vila-Matas dans Cette brume insensée qui se révèle c'est vrai par moments un peu dur à lire. Mais au final, j'ai trouvé ça jouissif. Et que c'était une belle ode en creux à la littérature. 


Cette brume insensée - Enrique Vila-Matas ( 2019 ) Editions Actes Sud.

dimanche 1 mai 2022

Really - J.J. Cale




Dans ma discothèque, il y a Really de J.J. Cale, parce qu'il y a la quasi-intégrale de ses albums, parce que ...




Right down here - J.J. Cale 




jeudi 31 mars 2022

Un chat sous la pluie - Ernest Hemingway

 


Un chat sous la pluie est en quelque sorte le nouveau nom d'un précédent recueil qui s'appelait Paradis perdu. Vingt-deux histoires et La cinquième colonne, la seule pièce de théâtre d'Hemingway sont présentes dans les deux livres. Paradis perdu, la nouvelle obtient elle dans Un chat sous la pluie un nouveau titre, la traduction littérale de l'original, Collines comme des éléphants blancs et ce grâce à Philippe Sollers. 
Les nouvelles retirées font principalement partie du cycle de Nick Adams, celles intégrées sont soit des premières soit des ultimes histoires écrites par Hemingway. 

Au programme de ce recueil, des déceptions et des chefs-d'œuvre. Plus des unes que des autres, s'il me faut être honnête et objectif, même si c'est un peu dur pour moi, les nouvelles d'Ernest Hemingway faisant partie de ce que j'ai lu qui m'a le plus emballé. Au chapitre des déceptions, les nombreuses vignettes qui peuvent par moments manquer d'intérêt, tout comme quelques nouvelles par ci par là qui ne sont pas des réussites flagrantes. La cinquième colonne est également à ranger dans cette catégorie pour moi tant je n'en aime aucun des personnages. Enlever les nouvelles de Nick Adams pour les remplacer par des oeuvres de jeunesse fait qu'Un chat sous la pluie ne gagne pas au change par rapport à Paradis perdu même si j'aime beaucoup Histoire africaine, Un homme qui a du savoir-vivre et Trouvez-vous donc un chien d'aveugle. 

Cela devrait vraiment faire beaucoup pour que le livre soit bon, mais bien sûr j'y ai trouvé largement mon compte ne serait-ce que grâce aux nouvelles exemplaires que sont les histoires de couples en crise Un chat sous la pluie, Collines ... auxquelles j'ajouterai aussitôt Un endroit propre et bien éclairé, Un soldat chez lui, Hors de saison où le garçon de café à la fin de son service, Harold Krebs, le soldat de retour de la guerre et Peduzzi, le guide-pêcheur avec ses touristes nous émeuvent quand ils font face à leurs obsessions, leurs traumatismes et leurs limites. 

Une petite déception aussi concernant la couverture. Comment ne pas préférer celle de Paradis perdu ?


Un chat sous la pluie ( Ernest Hemingway ) Editions Folio. 




lundi 14 mars 2022

Different every time - Robert Wyatt



Parce que Fabrice a peut-être raison quand il dit qu'il y a des disques d'hiver, qui sont pour lui principalement ceux de Tangerine Dream, qu'il écoute exclusivement entre Décembre et Mars, parce que si j'ai des disques comme ça, ce serait ceux de Robert Wyatt qui sont dans ma discothèque, qu'il me semble mettre plus souvent lorsque la nuit nous arrive rapidement et qu'elle vient accompagnée parfois de gelées comme les jours de neige, parce que ce n'est pourtant pas que j'associe Wyatt à la mélancolie, parce que le titre de son disque n'est pas mensonger, il est à chaque fois différent, parce que ce n'est pas une règle absolue, il m'arrive de l'écouter l'été. 


Shipbuilding 
( Elvis Costello ) 




dimanche 13 mars 2022

Une illusion passagère - Dermot Bolger




"Il y a longtemps qu'aucune femme ne m'a touché. Je ne suis pas un mauvais homme, juste un homme profondément solitaire." Voilà la confession que fait Martin à quelqu'un qui selon toute évidence ne peut le comprendre. 

Cette confession, à voix haute, comme quelques autres et beaucoup de réflexions sur l'état de sa vie, vient à Martin alors que diplomate irlandais de second ordre accompagnant un ministre de second ordre, il fait partie d'un voyage inutile en Chine. Écarté d'une visite de sa délégation dans une autre ville, il reste seul dans sa chambre d'hôtel. Et que peut-il faire d'autre que ruminer ?
Martin a une cinquantaine d'années, il pense fortement à prendre prochainement sa retraite - jugeant son travail vain et prenant exemple sur sa femme qui a pris la sienne récemment. Son couple est arrivé à un point-limite, Rachel et lui faisant chambre à part, elle ayant trouvé d'autres centres d'intérêt. Ses trois filles sont maintenant des adolescentes qu'il peine à suivre, ne reconnaissant plus en elles les charmantes puces qui le faisaient fondre quand elles couraient dans la maison après leur bain. Que peut-il faire d'autre que ruminer, aidé par les alcools que contient le mini-bar ?
La masseuse qui vient dans sa chambre et les quelques instants qu'ils vont passer ensemble seront primordiaux pour Martin. L'accord inattendu avec cette femme, dont il ne sait rien, si ce n'est qu'elle a une fille qui attend son retour, qui se révélera plus proche de lui qu'il n'y paraît de prime abord, permettra à Martin de renouer avec des choses abandonnées depuis longtemps et peut-être aussi aiguiser ses réflexions. Sur Rachel et ses trois filles et sa place dans sa maison, dans sa famille et dans le monde.

L'écriture sensible et précise de Dermot Bolger fait toucher les tourments et les questionnements intérieurs de Martin, un homme à un tournant de sa vie, de sa destinée, qui sera ce qu'elle doit être, pour qu'à la fin il puisse se dire qu'elle a été ce qu'elle devait être. 


Une illusion passagère - Dermot Bolger ( 2012 ) Editions Joëlle Losfeld.

dimanche 6 mars 2022

Une semaine avec Mark Lanegan 7/7

Live with me / Where did you sleep last night ? - The Twilight Singers & Mark Lanegan 






( Terry Callier, Robert Del Naja, Neil Davidge / Traditional ) 

Album : A stitch in time ( Ep ) ( 2006 )

samedi 5 mars 2022

vendredi 4 mars 2022

Une semaine avec Mark Lanegan 5/7

Nànnuflày - Tinariwen ( feat. Kurt Vile and Mark Lanegan )






( Eyadou Ag Leche - Additional lyrics by Mark Lanegan )

Album : Elwan ( 2017 ) 

jeudi 3 mars 2022

Une semaine avec Mark Lanegan 4/7

Hangin' tree - Queens of the stone age 





( Alain Johannes / Josh Homme )

Album : Songs for the deaf ( 2002 ) 

mercredi 2 mars 2022

mardi 1 mars 2022

Une semaine avec Mark Lanegan 2/7

Come on over ( Turn me on ) - Isobel Campbell & Mark Lanegan 





( Isobel Campbell ) 

Album : Sunday at devil dirt ( Isobel Campbell & Mark Lanegan ) ( 2008 )

lundi 28 février 2022

dimanche 20 février 2022

The new folk sound of Terry Callier - Terry Callier




Parce qu'un jour à la Bmi de Limoges Beaubreuil, j'entendis la voix de cet homme, que mon attention s'est éveillée, que mon oreille s'est mise à frémir, que la bibliothécaire s'en est aperçue, elle m'a présenté le disque et m'a dit que je pouvais l'emprunter et parce que je ne voulais pas la priver d'une musique qu'elle semblait apprécier, j'ai tout d'abord refusé mais parce qu'elle a insisté, je l'ai emprunté et beaucoup écouté, envouté par ce parfait mélange de blues et de folk, parce que forcément j'en ai cherché d'autres, il y a dans ma discothèque The new folk sound of Terry Callier. Il y a également Live at Mother Blue 1964 ainsi que sa collaboration avec Massive Attack vers la fin de sa vie, Live with me.

900 miles - Terry Callier 




samedi 12 février 2022

Highway 61 revisited - Bob Dylan



Dans ma discothèque, il y a du Bob Dylan. Oui ... beaucoup. Et donc, il y a Highway 61 revisited, parce qu'après peut-être trente ans d'écoutes régulières, je suis toujours scotché par la puissance, la fureur, la beauté de Desolation row, Just like Tom Thumb's blues, Ballad of a thin man et par ce Tombstone blues qui réussit à succéder sans pâlir à Like a rolling stone, parce qu'après sa parution, son auteur a pu dire qu'il ne pourrait pas faire mieux et qu'aujourd'hui, en le plaçant aux côtés des cinq albums qu'il avait fait avant et de la quantité faramineuse qu'il a fait depuis, je le pense. Mais je suis prêt à en discuter. 




jeudi 10 février 2022

Which will - Vashti Bunyan



Album : Way to blue - The songs of Nick Drake ( 2013 )
Album Nick Drake : Pink moon ( 1972 ) 


Which will

Which will you go for
Which will you love
Which will you choose from
From the stars above 
Which will you answer
Which will you call
Which will you take for 
For your one and all
And tell me now
Which will you love the best

Which will you dance for
Which makes you shine 
Which will you choose now 
If you don't choose mine
Which will you hope for
Which can it be 
Which will you take now 
If you won't take me 
And tell me now 
Which will you love the best

lundi 7 février 2022

Inherent vice - Paul Thomas Anderson

 



Inherent vice de Paul Thomas Anderson, dont j'avais seulement vu There were be blood, est un bon film, bien réalisé et bien joué par une kyrielle d'acteurs de renom, Joaquin Phoenix en tête, Josh Brolin, méconnaissable, Katherine Waterston, Owen Wilson, le toujours fascinant Benicio Del Toro dans un petit rôle, Reese Witherspoon, etc. Le film est donc l'adaptation de Vice caché, le seul roman de Thomas Pynchon qu'il semble possible de transposer à l'écran, les autres étant ou trop longs, ou trop touffus, ou trop baroques, ou le plus souvent et le plus simplement les trois à la fois.
Doc Sportello, détective privé, veut retrouver son ex-petite amie Shasta Fay Hepworth et son nouveau compagnon Mickey Wolfman le milliardaire qui ont tous les deux disparus, tout comme ont disparues certaines illusions de Doc sur l'amour, celui qu'il ressent toujours pour Shasta, celui qu'il porte à son petit bout de pays, la plage hippie de Gordita Beach dans le Los Angeles de 1970.

Un bon film donc mais pour moi, ce fut une grande déception. Je venais en effet de relire le roman de Pynchon et le film de Paul Thomas Anderson il faut bien le dire en est plus une mise en images qu'une adaptation, une mise en corps et si l'auteur n'est pas crédité en tant que dialoguiste, il le devrait car je ne crois pas avoir entendu une parole qui ne soit déjà noir sur blanc dans le livre.
Le réalisateur semble ne pas avoir pu ou pas voulu, consciemment ou inconsciemment, trahir Pynchon. C'est dommage. Peut-être à le revoir dans quelques années, en en ayant oublié beaucoup, y trouverais-je plus de plaisir, mais j'en doute.

Mention spéciale à la très bonne bande originale : de belles musiques de Jonny Greenwood entrecoupées de chansons bienvenues où l'on distingue Vitamin C de Can et deux Neil Young, Harvest et le méconnu Journey through the past.


Inherent vice - Paul Thomas Anderson ( 2014 )

vendredi 21 janvier 2022

Vice caché - Thomas Pynchon

 


Vice caché est l'avant-dernier roman de Thomas Pynchon et c'est aussi son plus accessible pour qui voudrait se plonger et se perdre dans l'œuvre de l'écrivain américain. Il faut dire qu'à l'exception de quelques réminiscences, le chemin des investigations de Doc Sportello est assez linéaire. C'est la visite de son ex-copine Shasta Fay - que ne ferait-il pas pour elle ? - qui met en route notre détective privé. Mickey Wolfmann, promoteur milliardaire de son état et nouveau compagnon de Shasta a disparu. En lui révélant une embrouille à "La Dame de Shanghaï", elle demande l'aide de Doc et voilà celui-ci embarqué un peu malgré lui dans une histoire plus hallucinante que l'effet des joints qu'il fume à longueur de temps. Un chemin pavé de motards tendance nazie, de musiciens rock qui pourraient bien être des zombies, de filles qui n'ont pas froid aux yeux, de coups de bâton derrière la tête, au sens propre comme au figuré et de rencontres régulières avec Big Foot, policier et ennemi juré de Doc.

Bienvenue à Los Angeles en 1970, précisément à Gordita Beach, la plage où habite Sportello, entouré de surfeurs et bien sûr de hippies, dont c'est la fin de l'heure de gloire. Parce que même si nous sommes dans une parodie de roman policier avec un détective qui a quelque lien de parenté avec le Dude de The Big Lebowski, il y a sous-jacente une inquiétude sur ces années 70 à venir, où tout ne sera plus cool - même si beaucoup de personnages utilisent encore ce mot-là en ponctuation. Pas mal de choses ont laminé le voile de l'illusion des années 60, "cette petite parenthèse de lumière ", comme le dit Pynchon : la guerre du Vietnam dans laquelle les États-Unis se sont englués, les émeutes raciales de Watts, les agissements de Charles Manson et de sa bande qui iront jusqu'au meurtre de Sharon Tate. Et puis, il y a le LSD bien sûr, cette drogue qui est tellement cool et tellement pas cool ...

 Elle arriva par l'allée et monta les marches de derrière comme elle l'avait toujours fait. Doc ne l'avait pas vue depuis plus d'un an. Personne ne l'avait revue. A l'époque c'était toujours sandales, monokini à motifs fleuris, tee-shirt délavé de Country Joe & the Fish. Ce soir elle était complètement à la mode du plat pays, il ne se rappelait pas lui avoir déjà vu les cheveux si courts, elle ressemblait exactement à ce à quoi elle avait juré de ne jamais ressembler. 
 "C'est toi, Shasta ?"
 "Il croit halluciner."
 "Juste le nouvel emballage, j'imagine."
 Ils se tenaient dans la lumière du réverbère qui pénétrait par la fenêtre de la cuisine, à laquelle il n'avait jamais vraiment vu l'intérêt d'accrocher des rideaux, et ils écoutaient le grondement sourd du ressac qui venait du bas de la pente. Certaines nuits, par bon vent, on entendait le ressac dans toute la ville.
 "J'ai b'soin de ton aide, Doc."


Vice caché - Thomas Pynchon ( 2009 ) Editions Points.

Album de la semaine #52

Rain dogs - Tom Waits - 1985 Extrait : Downtown train Voilà, c'est le dernier post de ce blog. Merci à tous les visiteurs, merci pour to...