lundi 30 décembre 2019

Le hérisson dans le brouillard - Youri Norstein

Dans Fonds perdus, Thomas Pynchon fait de deux mafieux russes des fans de ce court métrage d'animation. Ils sont émus aux larmes en y repensant. Sacré Pynchon !


Le hérisson dans le brouillard ( Yozhik v tumane ) - Youri Norstein ( 1975 ) 




Bon réveillon du nouvel an à tous ! A l'année prochaine !

jeudi 26 décembre 2019

Le Dieu des petits riens - Arundhati Roy



Si ce n'est pas déjà fait, lisez le Dieu des petits riens. Je ne devrais dire que ça, tant ce livre est un chef d'œuvre, tant tout ce que je pourrais écrire serait terne et ne saurais capter qu'une infime partie de ce qu'il est.
Les deux jumeaux Esta et Rahel, leur mère Ammu, leur oncle Chacko, leur tante Baby Kochamma, Mammachi, leur grand-mère et Velutha, celui que l'histoire a choisi pour advenir sont inoubliables mais tous les personnages le sont, des principaux jusqu'aux secondaires. Inoubliable aussi ce pays, l'Inde, dans ses deux époques, celle de la fin des années 60, où des gens ne peuvent toujours pas être touchés, où tous les hommes battent leurs femmes derrière les murs de leurs foyers et l'autre, vingt-cinq ans plus tard, ouverte au modernisme, à la télévision. Inoubliable ce monde de l'enfance d'Esta et Rahel, parce qu'inoubliable le style d'Arundhati Roy et ses très nombreuses trouvailles de langage, un monde qui parfois se heurte de plein fouet avec celui des adultes et inoubliable donc cette scène au cinéma où La mélodie du bonheur devient celle du malheur pour un petit garçon ...
J'arrête là. Je ne saurais dire comment et combien ce livre est politique, poétique, drôle, déchirant et sublime souvent.
Si ce n'est pas déjà fait, lisez le Dieu des petits riens.


Le Dieu des petits riens ( Arundhati Roy ) ( 1997 )  Editions Folio.

mercredi 25 décembre 2019

dimanche 22 décembre 2019

Le maître de Ballantrae - Robert Louis Stevenson



Il est quand même fort Stevenson. On est happé par ce récit d"aventures qui n'en sont pas vraiment raconté qui plus est par un majordome au langage compassé. Il faut dire aussi que celui-ci sait ménager le suspense et n'hésite pas à faire intervenir les mémoires du Chevalier de Burke, compagnon de route de James Durrie.
Nous sommes en Ecosse. Dans le château de Durrisdeer et de Ballantrae. Les deux  fils du vieux Lord qui ont joué à la pièce un départ à la guerre vont, dès cet instant, entrer dans une lutte sans merci pour en premier lieu le titre de Maître de Ballantrae mais aussi pour l'amour d'une femme et, on peut finalement le dire, pour tout tant leurs personnalités sont antagonistes. Il y a James, l'aîné, l'aventurier, le fougueux, le manipulateur et il y a Henry, le terne, le sédentaire, le "gentil".
Cette histoire est le périple de James, désigné Maître de Ballantrae par droit d'aînesse comme il parvient à ceux qui sont restés au château, déformé, avec des manques, avec plusieurs annonces de sa mort, sans que celle-ci soit vraiment envisagée par Henry, par le narrateur Mackellar et donc par le lecteur. Et finalement, nous ne pourrons que partager les espoirs, les doutes et l'avis de Mackellar qui bien que toujours loyal à Henry-l'Abel ne pourra s'empêcher de ressentir de l'admiration pour James-le Caïn, sachant aussi par avance que l'affrontement final ne saurait être évité.


PS : J'ai lu ce livre dans une vieille édition. Rombaldi ( 1946 ). Véritablement un charme supplémentaire.
Je l'ai trouvé dans une boîte à livres. Je ne suis pas sûr que sans ça, j'aurais eu l'idée de le lire. Une chouette idée, ces boites à livres.


Le maître de Ballantrae ( Robert Louis Stevenson ) ( 1888 ) Edition Rombaldi.

lundi 9 décembre 2019

Meu amor meu amor ( Lhasa ) ( Amalia Rodrigues )





Meu amor meu amor

Meu amor meu amor
Meu corpo em movimento
Minha voz á procura
Do seu próprio lamento

Meu limão de amargura
Meu punhal a crescer
Nós parámos o tempo
Náo sabemos morrer

E nascemos, nascemos
Do nosso entristecer

Meu amor meu amor
Meu pássaro cinzento
A chorar a lonjura
Do nosso afastamento

Meu amor meu amor
Meu nó de sofrimento
Minha mó de ternura
Minha nau de tormento

Este mar não tem cura
Este ceú não tem ar
Nós parámos o vento
Náo sabemos nadar

E morremos morremos
Devagar devagar


Mon amour mon amour

Mon amour mon amour
Mon corps en mouvement
Ma voix à la recherche
De son propre regret

Mon citron d'amertume
Mon poignard qui grandit
Nous arrêtons le temps
Nous ne savons pas mourir

Et nous naissons naissons
De notre tristesse

Mon amour mon amour
Mon oiseau gris
A pleurer la distance
De notre éloignement

Mon amour mon amour
Mon nœud de souffrance
Mon fardeau de tendresse
Mon navire de tourment

Cette mer ne guérit pas
Ce ciel n'a pas d'air
Nous avons arrêté le vent
Nous ne savons pas nager

Et nous mourrons mourrons
Lentement lentement

mardi 3 décembre 2019

Fonds perdus - Thomas Pynchon



Reg Despard débarque à son agence d'enquêtes spéciale fraudes pour lui faire part de ses doutes sur la société d'un certain Gabriel Ice et voilà Maxine Tarnow-Loeffler plongée dans les méandres d'une intrigue à travers la société new-yorkaise, sur la piste de preuves des malversations dudit Ice.
Et comme nous sommes bien dans un roman de Pynchon, que c'est sa dernière cosmogonie en date, nous allons croiser une multitude de personnages. Alors, qu'avons-nous entre autres cette fois-ci ? Une lanceuse d'alerte acharnée, des mafieux russes atypiques, des geeks de tous poils, quasiment un derrière chaque porte, des vidéastes amateurs, des espions professionnels, à moins que ce ne soit l'inverse ; une sœur et un beau-frère, ex-kibboutzim de fraîche date, une meilleure amie énervante, un amant-mercenaire au passé très douteux mais au physique qui ne l'est pas, un Loeffler, celui de son nom, se trouvant être son ex-mari, qui pourtant ne pourrait pas être plus présent. Et puis, bien sûr, ses prunelles, Ziggy et Otis, les garçons.
Maxine devra pour son enquête faire quelques descentes plus ou moins prolongées dans le Web Profond, faire face là-bas à une réalité viciée, où gravitent des avatars si bien que ... revenue dans la "viande-sphère", elle se demandera si ce papier qui volette sur le trottoir n'est pas dirigé par quelque main posé sur une souris, face à tel panorama du Yupper East Side, comme le surnomme Pynchon, s'il n'y aurait pas dans le coin à droite quelque icône pour en sortir d'un clic.

Ceux qui n'aiment pas Pynchon - l'écrivain de la paranoïa ( "Pour moi, non, la paranoïa est l'ail dans la cuisine de la vie, pas vrai, il n'y en a jamais trop", fait-il dire à Maxine), invisible ( une seule photo authentifiée de lui qui date de ses années de lycée ) est en effet clivant, avec ses fans inconditionnels, dont je pourrais faire partie parce que ce Monsieur a écrit V. - n'aimeront sûrement pas celui-là.  Il est comme tous les autres touffu, crypté, labyrinthique, souvent obscur, peuplé de personnages barrés, loufoques ... Mais deux choses pourraient quand même les convaincre. Pynchon pare Maxine du fameux humour juif new-yorkais et ça fait souvent des étincelles. Et puis surtout, ah mais c'est vrai, je ne vous l'ai pas dit, on est en 2001 et après le 11 Septembre et l'attentat sur les tours, tout change. Pas vraiment et pas longtemps dans la vie de New York. Mais dans le ton de Pynchon, rarement aussi grave dans une de ses fictions. Et on sait que pour lui, fiction ne sera jamais un vain mot. Peut-être est-ce là comme un chant d'amour en creux pour sa ville ...


Fonds perdus ( Thomas Pynchon ) ( 2013 ) Éditions Points.


jeudi 28 novembre 2019

A Thanksgiving prayer - William S. Burroughs



Texte : William S. Burroughs
Film : Gus Van Sant

A Thanksgiving prayer 

To John Dillinger and hope he is still alive
Thanksgiving Day, November 28, 1986

Thanks for the wild turkey and the passenger pigeons destined to be shit out through wholesome American guts
Thanks for a continent to despoil and prison
Thanks for Indians to provide a modicum of challenge and danger
Thanks for vast herds of bison to kill and skin leaving the carcasses to rot
Thanks for bounties on wolves and coyotes
Thanks for the American dream to vulgarize and falsify until the bare lies shine through
Thanks for the KKK
For nigger-killin' lawmen, feelin' their notches
For decent church-goin' women with their mean, pinched, bitter, evil faces
Thanks for "Kill a queer for Christ" stickers
Thanks for laboratory AIDS
Thanks for Prohibition and the war against drugs
Thanks for a country where nobody's allowed to mind his own business
Thanks for a nation of finks
Yes, thanks for all the memories ... all right let's see your arms !
You always were a headache and you always were a bore
Thanks for the last and greatest betrayal of the last and greatest of human dreams


Une prière de Thanksgiving 

A John Dillinger en espérant qu'il est toujours en vie
Thanksgiving, 28 Novembre 1986

Merci pour les dindes sauvages et les pigeons migrateurs destinés à être chiés par de saines tripes d'Américains
Merci pour un continent à dépouiller et à empoisonner
Merci pour les Indiens qui ont fourni un soupçon de défi et de danger
Merci pour les vastes troupeaux de bisons à massacrer et à dépecer en laissant pourrir les carcasses
Merci pour les primes sur les loups et les coyotes
Merci pour le Rêve Américain à dévoyer et à falsifier jusqu'à ce que les mensonges règnent en majesté
Merci pour le Ku Klux Klan
Les policiers tueurs de négres, caressant les encoches de leurs armes
Et les bigotes avec leurs visages mesquins, pincés, amers et mauvais
Merci pour les autocollants "Tuez une pédale au nom du Christ"
Merci pour le Sida de laboratoire
Merci pour la Prohibition et la guerre contre la drogue
Merci pour un pays où personne n'a le droit de s'occuper de ses propres affaires
Merci pour une nation d'indics
Oui, merci pour tous les souvenirs ... dis donc fait voir tes bras !
T'as toujours été un mal de tête et t'as toujours été un emmerdeur
Merci pour la dernière et plus grande trahison des derniers et plus grands rêves de l'humanité

dimanche 17 novembre 2019

Just kids - Patti Smith



Just kids est une autobiographie. La vie de Patti Smith jusqu'à 1975, c'est à dire la parution de Horses, son premier album, en prenant pour prisme sa relation d'abord amoureuse, puis amicale mais avant tout artistique avec  le photographe Robert Mapplethorpe. Ce livre est la promesse faite juste avant la mort de celui-ci de "raconter leur histoire".

Je ne connaissais Mapplethorpe que de nom. En savais-je beaucoup plus sur Patti Smith ? Sa musique oui, bien sûr, que j'ai souvent écouté, un soupçon de sa poésie post-beat, son amour immodéré pour Rimbaud et finalement quoi d'autre ? J'ai découvert quelqu'un de clean malgré son look bohème, ce qui ne cessait de surprendre les gens à l'époque, mais surtout quelqu'un de très cultivé, férue de poésie, américaine, française ... mais aussi de peinture, de photographie ou de cinéma, notamment celui de la Nouvelle Vague. Et de bien d'autres choses encore, tant sa curiosité est grande.

Robert, d'abord dessinateur, peintre, artiste plastique, lorsqu'il s'essaie à la photographie, en fait aussitôt son principal mode d'expression. Ce sera un moyen de montrer l'homosexualité, souvent sans fard ; il vient de découvrir la sienne quelques temps auparavant.
Dessinatrice, Patti l'est aussi mais elle cherche une autre voie - une autre voix - qui lui permette de s'exprimer mieux. Elle compose de la poésie bien sûr depuis longtemps mais ce sont deux révélations : un concert des Doors et une chanson des Byrds, So you want to be a rock'n'roll star qui lui font entrevoir son avenir. Et comme dira Robert, devenir célèbre avant lui.

Just kids m'a transporté autant que Chroniques de Bob Dylan. Si je ne crois pas que Dylan écrivait un journal intime, il avait plus sûrement une grande mémoire, c'est le sien qui a servi de base à Patti Smith. Et elle réussit quelque chose d'une grande clairvoyance et d'une réjouissante honnêteté sur son début de carrière et le livre qu'elle avait promis à Mapplethorpe, celui qui fut "l'artiste de sa vie".


Just kids ( Patti Smith ) ( 2010 ) Editions Folio. 

samedi 9 novembre 2019

Tristessa - Jack Kerouac



Tristessa est peut-être un court roman, peut-être une nouvelle mais plus sûrement un long blues - qui pourrait faire partie des Mexico City blues parce que c'est là qu'il se déroule. Un blues de Kerouac, en deux mouvements, composé comme à son habitude de son écriture de l'instant.
Dès les premières lignes, on est plongé dans le monde de Tristessa, une pièce surchargée, surpeuplée, jeunes, vieux, animaux, crucifix, une pièce sale, malade, droguée. Avec au milieu de tout ça, un Kerouac qui lui ne l'est pas, drogué, mais passablement borracho. Et plombé par cet amour dont il ne sait pas quoi faire pour cette prostituée, cette beauté métisse de Tristessa.  Doit-il la quitter, doit-il l'épouser ? Peut-il la sortir de cet enfer dans lequel elle s'enfonce ...

L'ellipse - et l'éclipse de Jack - de quelques mois entre les deux parties lui fait retrouver une Tristessa encore plus mal en point. Il ne l'a pas sauvé, ne l'a pas épousé et maintenant c'est trop tard. Tout est trop tard. Il ne peut que l'accompagner sur le chemin qu'elle n'a peut-être pas tout à fait choisi, jusqu'à ...
Mais non, il vaut mieux faire comme Jack. Si on s'arrête là, Tristessa ne meurt pas, elle reste cette belle fille métisse qu'il aime et pas le sac d'os qu'elle est presque déjà devenu ...

Un ange a dû passé, probablement un vagabond, et l'envie m'a pris de relire Kerouac, de suivre à nouveau au pas de charge sa prose enflammée, ses humeurs, ses associations d'idées souvent démentes comme ... un solo de sax ? Now's the time tiens.


Tristessa ( Jack Kerouac ) ( 1960 ) Editions Folio

vendredi 8 novembre 2019

Odetta - Joe Henry and Friends / I'm on my way - Rhiannon Giddens

Une vidéo pour "fêter" la sortie le 15 Novembre du nouvel album de Joe Henry, The gospel according to water.
La chanson Odetta de son album Reverie enregistrée à l'émission japonaise On the shelf avec Lisa Hannigan, John Smith et Ross Turner. 
J'ai essayé de traduire les paroles mais j'ai abandonné, il y a trop de choses qui m'échappent. Joe Henry a dit que sa chanson ne parlait pas de la chanteuse de folk et de blues mais avec un tel prénom, difficile de ne pas y penser.




En bonus, un extrait du nouvel album de Rhiannon Giddens avec Francesco Turrisi et produit par Mister Joe que je viens de découvrir. I'm on my way qu'ils ont composé ensemble.








lundi 4 novembre 2019

Henry et June, Les cahiers secrets - Anaïs Nin



Les cahiers secrets se présentent comme la partie du Journal d'Anaïs Nin qui a trait à sa relation avec le couple Miller, Henry et June, durant l'année 1932.
En Décembre 1931, "J'ai rencontré Henry Miller", cette simple phrase détachée du reste du texte montre qu'Anaïs Nin sait par avance qu'il s'agit d'une rencontre importante. Mais avant Henry et on le dit peu, elle va d'abord tomber amoureuse de June, sa femme.
June repartie tout de suite aux États-Unis, le rapprochement avec Henry devient évident. Un rapprochement de deux écrivains tout d'abord puis très vite celui de deux êtres passionnés. Henry Miller, cet homme vigoureux, impulsif, "toujours vif et joyeux" selon sa devise change Anaïs de la timidité et de l'impuissance de son mari Hugo.

Il s'agit d'une version hybride du Journal. Ni la version intégrale, ni la version expurgée parue en premier lieu mais plutôt une compilation Miller.
A la lecture d'un journal intime, la vérité d'un jour ne sera pas celle du lendemain et ici, comme il n'y a aucune mention des jours mais uniquement celle des mois, c'est la vérité d'un paragraphe qui ne sera pas celle du suivant.

Il faut dire qu'Anaïs se pose beaucoup de questions parce qu'elle doit jongler entre quatre hommes cette année-là : son mari Hugo bien sûr, Miller donc, mais aussi son cousin Eduardo et son psychiatre René Allendy, qui tous sont amoureux d'elle et qui tous vont l'aimer physiquement.
Sans parler de l'absente June, dont le retour surprise à Paris en Octobre 1932 trouble au plus haut point Anaïs et Henry.
Mais la fin du livre n'est bien entendu pas la fin du Journal ni même celle de sa relation avec les Miller, qui se poursuivra pendant une bonne partie des années 30.
"Ainsi, Henry vient cet après-midi et demain je sors avec June."

lundi 14 octobre 2019

L'herbe des nuits - Patrick Modiano



C'est le sixième livre de Patrick Modiano que je lis. Si je mets de côté La Place de l'Etoile, lu il y a quelques années et qui me semble à part dans son oeuvre, j'ai lu il y a longtemps Chien de printemps, Remise de peine et Un pedigree et je ne m'en souviens plus du tout. Je crois d'ailleurs les avoir oubliés peu de temps après les avoir lus, ne me restant que l'impression du désormais célèbre "flou modianesque". Et puis il y a quelques mois, je suis tombé sur Dora Bruder et cette enquête acharnée pour retracer le parcours d'une jeune juive avant son départ pour les camps m'a marquée durablement.

L'herbe des nuits est également une enquête - les livres de Modiano ne le sont-ils pas presque tous ? des enquêtes dans l'immobilité de la tête du narrateur et de ses souvenirs et l'espace réduit des rues de sa jeunesse.
Jean est écrivain ( il a de nombreux points communs avec l'auteur ) et grâce aux notes d'un carnet et un rapport de police légué par un inspecteur, il stimule sa mémoire pour se rappeler une époque et une fille, Dannie, qu'il a fréquenté. Une fille mystérieuse, cette Dannie, semant plusieurs identités, côtoyant elle des personnes peu recommandables.
Jean, et nous avec lui, car Modiano a cette capacité de nous embarquer à la suite de son narrateur en étant aussi perdus qu'il l'est, convoque le Paris de sa jeunesse, un Paris qui subsiste encore grâce à quelques cafés, quelques bâtiments, quelques adresses ...
"Mais aujourd'hui, je comprends mieux : j'avais besoin de points de repère, de noms de stations de métro, de numéros d'immeubles, de pedigrees de chiens, comme si je craignais que d'un instant à l'autre les gens et les choses ne se dérobent ou disparaissent et qu'il fallait au moins garder une preuve de leur existence."
Jean retrouve des souvenirs enfouis, ils reviennent à lui par petites vagues et il en récupère l'écume sur le sable, des scènes, des dialogues, des gestes, des attitudes, afin que d'un flou initial, une image se forme sur l'écran.


L'herbe des nuits ( Patrick Modiano ) ( 2012 ) Éditions Folio.

mardi 1 octobre 2019

Little Bird - Craig Johnson



Little Bird est le premier roman de Craig Johnson, la première enquête du shérif Walt Longmire.

J'ai connu ce shérif dans son adaptation en série dont j'ai vu des épisodes des deux premières saisons. Et même si ce n'est pas la meilleure série du monde, elle est très plaisante. Son décor, ses acteurs principaux y étant pour beaucoup.

Si je savais, grâce à la série, que Longmire était sensible - et encore pas à quel point - je n'avais pas saisi comme c'était un cow-boy spirituel.
En suivant ses pas, on découvre le comté fictif d'Absaroka dans le Wyoming, situé sur les contreforts des Big Horn Mountains. On y découvre aussi ses "acolytes" : ses adjoints, le gentil Ferg, Turk le bien-nommé car c'est sa tête de turc et Vic, celle qu'il verrait bien lui succéder ; sa secrétaire Ruby ; son prédécesseur Lucian ; et surtout Henry Standing Bear, son grand ami et tenancier indien du bar le Red Pony.

Un cadavre a été découvert par des éleveurs de moutons au fond d'un ravin et comme le mort est Cody Pritchard, qu'il a fait partie de ceux qui ont violés il y a quelques années Melissa Little Bird, une jeune indienne déficiente mentale, cette affaire replongera notre shérif dans un passé récent au goût amer : les violeurs ont été condamnés, au vu des faits, à des peines bien légères.
Alors, qui a décidé de venger Melissa ? Longmire, parce que très impliqué émotionnellement, aurait peut-être préféré ne jamais le découvrir.
La fin m'a bouleversé. Mais c'est peut-être parce que si j'étais un cow-boy, j'en serais un sensible.


Little Bird ( Craig Johnson ) ( 2005 ) Éditions Points.

samedi 28 septembre 2019

Compilation Septembre / Numéro 1

1) Wild is the wind ( Cat Power )
2) Show biz kids ( Rickie Lee Jones )
3) The wicked messenger ( Patti Smith )
4) Tango till they're sore ( Holly Cole )
5) My name is Carnival ( Youn Sun Nah )
6) Song to the siren ( This Mortal Coil )
7) Working class hero ( Marianne Faithfull )
8) Stephanie says ( Lady and Bird )
9) Blue velvet ( Lana Del Rey )
10) Let the mystery be ( Live ) ( 10 000 Maniacs / David Byrne )




Cat Power - The covers record ( 2000 )



Original : ( Dimitri Tiomkin - Ned Washington )
Nina Simone - Wild is the wind ( 1966 )


mercredi 25 septembre 2019

Compilation Septembre / Numéro 2

1)
2) Show biz kids ( Rickie Lee Jones )
3) The wicked messenger ( Patti Smith )
4) Tango till they're sore ( Holly Cole )
5) My name is Carnival ( Youn Sun Nah )
6) Song to the siren ( This Mortal Coil )
7) Working  class hero ( Marianne Faithfull )
8) Stephanie says ( Lady and Bird )
9) Blue velvet ( Lana Del Rey )
10) Let the mystery be ( Live ) ( 10 000 Maniacs / David Byrne )




Rickie Lee Jones - It's like this ( 2000 )



Original : ( Donald Fagen - Walter Becker )
Steely Dan - Countdown to ecstasy ( 1973 )


dimanche 22 septembre 2019

Compilation Septembre / Numéro 3

1)
2)
3) The wicked messenger ( Patti Smith )
4) Tango till they're sore ( Holly Cole )
5) My name is Carnival ( Youn Sun Nah )
6) Song to the siren ( This Mortal Coil )
7) Working class hero ( Marianne Faithfull )
8) Stephanie says ( Lady and Bird )
9) Blue velvet ( Lana Del Rey )
10) Let the mystery be ( Live ) ( 10 000 Maniacs / David Byrne )




Patti Smith - Gone again ( 1996 )



Original : ( Bob Dylan )
Bob Dylan - John Wesley Harding ( 1968 )


jeudi 19 septembre 2019

Compilation Septembre / Numéro 4

1)
2)
3)
4) Tango till they're sore ( Holly Cole )
5) My name is Carnival ( Youn Sun Nah )
6) Song to the siren ( This Mortal Coil )
7) Working class hero ( Marianne Faithfull )
8) Stephanie says ( Lady and Bird )
9) Blue velvet ( Lana Del Rey )
10) Let the mystery be ( Live ) ( 10 000 Maniacs / David Byrne )




Holly Cole - Temptation ( 1995 )



Original : ( Tom Waits )
Tom Waits - Rain dogs ( 1985 )


lundi 16 septembre 2019

Compilation Septembre / Numéro 5

1)
2)
3)
4)
5) My name is Carnival ( Youn Sun Nah )
6) Song to the siren ( This Mortal Coil )
7) Working class hero ( Marianne Faithfull )
8) Stephanie says ( Lady and Bird )
9) Blue velvet ( Lana Del Rey )
10) Let the mystery be ( Live ) ( 10 000 Maniacs / David Byrne )




Youn Sun Nah - Same girl ( 2011 )



Original : ( Jackson C. Frank )
Jackson C. Frank - Blues run the game ( 1965 ) ( 1996 )


samedi 14 septembre 2019

Le nazi et le barbier - Edgar Hilsenrath



Le narrateur de ce livre est Itzig Finkelstein. Mais cet Itzig Finkelstein n'est pas le vrai Itzig Finkelstein. Le vrai est mort. Celui qui nous parle est Max Schulz, le génocidaire qui a abattu le vrai Itzig Finkelstein et ses parents en camp de concentration.

Les jeunes Max et Itzig étaient amis avant 1933, habitant la même rue à Wieshalle en Allemagne, travaillant dans le même salon de coiffure, celui de Chaïm Finkelstein, le père d'Itzig. L'un juif, l'autre non mais ressemblant à un juif. Et puis, l'arrivée d'Hitler au pouvoir change tout. Et les amis d'hier ...

Ce n'est que le début du parcours de Schulz. Il y aura la Pologne après le camp de concentration, un retour en Allemagne et finalement la "terre promise".

Si je ne disais que ça, je ne dirais rien. Vous ne sauriez pas le grotesque, l'absurde, l'humour très noir qui font clairement la force de ce livre.

Edgar Hilsenrath était allemand, juif et c'est chez l'éditeur américain qui avait publié son premier roman censuré en Allemagne, Nuit, qu'il fait paraître en 1971 Le nazi et le barbier ... en allemand. Dans son propre pays, il sortira en 1977 et subira les foudres de la critique selon laquelle on ne peut pas parler des Juifs comme cela, avec ironie et férocité.


Le nazi et le barbier - Edgar Hilsenrath ( 1971 ) Éditions Attila.

vendredi 13 septembre 2019

Compilation Septembre / Numéro 6

1)
2)
3)
4)
5)
6) Song to the siren ( This Mortal Coil )
7) Working class hero ( Marianne Faithfull )
8) Stephanie says ( Lady and Bird )
9) Blue velvet ( Lana Del Rey )
10) Let the mystery be ( Live ) ( 10 000 Maniacs / David Byrne )




This Mortal Coil - It'll end in tears ( 1984 )
Voix : Elizabeth Fraser



Original : ( Larry Beckett / Tim Buckley )
Tim Buckley - Starsailor ( 1970 )


mardi 10 septembre 2019

Compilation Septembre / Numéro 7

1)
2)
3)
4)
5)
6)
7) Working class hero ( Marianne Faithfull )
8) Stephanie says ( Lady and Bird )
9) Blue velvet ( Lana Del Rey )
10) Let the mystery be ( Live ) ( 10 000 Maniacs / David Byrne )




Marianne Faithfull - Broken english ( 1979 )



Original : ( John Lennon )
John Lennon - John Lennon / Plastic Ono Band ( 1970 )


samedi 7 septembre 2019

Compilation Septembre / Numéro 8

1)
2)
3)
4)
5)
6)
7)
8) Stephanie says ( Lady and Bird )
9) Blue velvet ( Lana Del Rey )
10) Let the mystery be ( Live ) ( 10 000 Maniacs / David Byrne )




Lady and Bird - Lady and Bird ( 2003 )
( Keren Ann est Lady, Bardi Johansson est Bird )


Original : ( Lou Reed ) ( 1968 )
The Velvet Underground - VU ( 1985 )


mercredi 4 septembre 2019

Compilation Septembre / Numéro 9

1)
2)
3)
4)
5)
6)
7)
8)
9) Blue velvet ( Lana Del Rey )
10) Let the mystery be ( Live ) ( 10 000 Maniacs / David Byrne )




Lana Del Rey - Born to die ( The Paradise Edition ) ( 2012 )



Original : ( Bernie Wayne / Lee Morris )
Tony Bennett ( 1951 )







dimanche 1 septembre 2019

Compilation Septembre / Numéro 10

1)
2)
3)
4)
5)
6)
7)
8)
9)
10) Let the mystery be ( Live ) ( 10 000 Maniacs / David Byrne )




10 000 Maniacs - MTV Unplugged ( 1993 )



Original : ( Iris DeMent )
Iris DeMent - Infamous angel ( 1992 )


dimanche 18 août 2019

Écoute la ville tomber - Kate Tempest



Kate Tempest est une poétesse, rappeuse et dramaturge londonienne. Écoute la ville tomber est son premier roman. Il s'agit en fait de la mise en roman de l'histoire racontée dans son premier album Everybody down ( 2014 ). Les titres des chapitres reprennent d'ailleurs à la lettre ceux des plages du disque.
Écoute la ville tomber est selon moi un titre hors de propos, Écoute la ville changer serait beaucoup mieux car cette ville, Londres, ne tombe pas, elle change mais encore bien meilleur que le "mien", l'original The bricks that builds the houses est bien sûr tout à fait adéquat, car c'est ça, ces personnages, ces destins, ce peuple sont les briques qui construisent les maisons, la ville.

Becky, Harry et Leon partent pour une cavale avec une valise pleine d'argent mais ce qui intéresse l'auteure, ce n'est pas ça, ce sont les causes, la généalogie en quelque sorte de cette cavale.
Qui est Becky. Qui est Harry. Quelles sont leurs familles. Leurs backgrounds. Comment elles vont se rencontrer - contrairement  au disque, Harry est une fille ici - être irrésistiblement attirées l'une par l'autre, se perdre de vue pour finalement se retrouver sur le même chemin et dans cette même voiture qui s'enfuit dans la nuit.

J'ai quelques réserves : des scènes un peu longues à mon goût et peut-être le fait que tous les personnages principaux soient issus de deux familles, qui si on peut y voir un petit quelque chose de shakespearien, est peu crédible. Mais hormis ça, c'est un très bon livre, très rythmé, avec à chaque page, des phrases qui font mouche, des métaphores pertinentes.
Harry a un frère de cœur, Leon. Elle en a un de sang, Pete, tous les deux ont des parents divorcés et un beau-père, David, qui lui a un fils. Becky a deux oncles et quelque part deux parents qui jouent l'Arlésienne. Ces personnages aiment, vibrent et doutent aussi plus souvent qu'à leur tour et on s'y attache. Je me suis attaché.


Écoute la ville tomber ( Kate Tempest ) ( 2016 ) Éditions Rivage Poche.

dimanche 4 août 2019

Mon chien Stupide - John Fante



Ça commence comme une nouvelle avec enchaînement des faits dans une unité de temps et puis incidemment ça se transforme en roman. Un roman court, mais un véritable roman.

S'il n'y avait que peu de doutes que Bandini était John Fante, il y en a peut-être encore moins dans Mon chien Stupide que Henry J. Molise le soit avec sa femme et ses quatre enfants, sa grande maison à Point Dume, son boulot de scénariste à Hollywood et sa créativité littéraire au point mort elle ...
Henry J. Molise = John Fante. Arturo Bandini = John Fante. Fameuses équations d'où il résulte que Henry J. Molise = Arturo Bandini + Variable de temps. Molise est un Bandini qui a vieillit et mûri mais qui ne peut que garder ce caractère de chaud et de froid. Capable de tout, de tendresse, d'amour, de dureté, de brutalité. Rêvant toujours dans un coin de sa tête d'ailleurs où l'herbe est forcément plus verte, les villes plus belles tout comme les femmes qui y vivent, les mets plus délicats et plus délicieux, mais qui sait parfaitement au fond de lui qu'il ne quittera jamais le chemin sur lequel il s'est engagé. Qui peut-être, s'il n'y réfléchit pas longuement, lui convient.

Mon chien Stupide est loufoque et drôle mais aussi bouleversant. Molise est saisi à un moment crucial de sa vie, quand ses enfants vont quitter les uns à la suite des autres la maison familiale. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Molise-Fante est encore une fois d'une grande lucidité sur lui à ce moment-là.

Mon chien Stupide est la deuxième histoire de Henry Molise après Les compagnons de la grappe. Et ici Molise me paraît plus Molise que dans le précédent. Peut-être parce que dans Les compagnons de la grappe, il s'agissait de la relation entre Henry et son père et que celui-ci accaparait une partie de ce nom alors qu'ici, ses enfants ne le font pas.

Dans Mon chien Stupide, il y a aussi un gros chien. Un des fils de Molise l'appelle Stupide. Et ça lui va.


Mon chien Stupide ( John Fante ) ( 1985 ) Éditions 10/18.

mercredi 24 juillet 2019

Les étoiles s'éteignent à l'aube - Richard Wagamese


Voilà une histoire qui nous prend par le col et qui nous entraîne avec elle, comme elle le fait pour ses protagonistes. Comme eux, nous savons qu'il faudra aller à son bout. Un chemin du début à la fin, sans brûler les étapes, des révélations qui doivent être faites, de la première à la dernière, sans en oublier une.

Frank Starlight, un jeune indien de 16 ans, va devoir accompagner et aider son père à rejoindre sa dernière demeure. Frank, qui a été élevé par un vieil homme, ne connaît ce père que comme une espèce de fantôme aux rares apparitions et un alcoolique notoire.
Lors de leur périple, à pied pour le garçon et à dos de jument pour le père, Frank et Eldon Starlight vont apprendre à s'apprivoiser, petit à petit, à se connaître. Et apprendre tout court.
Eldon sait qu'il reste très peu de temps, trop peu pour se rapprocher de son fils et devenir un père pour lui, mais au moins pourra-t-il lui dire qui il est et lui raconter les grandes étapes de son histoire. Lui dire les grands-parents de Frank, le travail dans les exploitations forestières, son amitié avec Jimmy, leur guerre de Corée. Eldon fera au moins ça, à son rythme entrecoupé par ses crises régulières et en prenant son temps aussi, peut-être pour être certain de ne rien oublier d'important mais plus sûrement parce que certaines choses sont difficiles à sortir. Comme par exemple les réponses aux deux questions les plus importantes pour son fils.

Merci Claude de m'avoir mis sur la voie de ce livre. Sans toi, je serai passé à côté.


Les étoiles s'éteignent à l'aube ( Richard Wagamese ) ( 2015 ) Éditions 10/18.

samedi 20 juillet 2019

La fête du Double Neuf ( Deux poèmes chinois )

Voici deux poèmes chinois que j'ai recopié d'une anthologie il y a quelques années.



Sur l'air Qing Jiang Yin

      Sur le lac le 9ème jour de la 9ème lune 

Le vent d'ouest souffle encore dans les saules au bord du lac
vers le bateau peint il soutient une manche rouge
les mouettes dorment paisibles sur les eaux sauvages
un papillon danse maigre fleur d'automne
pour le vieillard libertin l'ivresse n'est pas le vin



Sur l'air Si Kuai Yu

      En voyage le 9ème jour de la 9ème lune 

Son chapeau emporté par le vent
il prend de la hauteur avec le vin
l'homme dans les lointains, nuage bleu d'automne
la pluie à ma clôture a dû flétrir les fleurs jaunes
triste encore triste
étage après étage
le 9 de la 9ème lune




Notes :
Le 9ème jour de la 9ème lune : La fête du Double Neuf, fin Octobre ou début Novembre, est l'occasion de se réunir, d'admirer ensemble les couleurs de l'automne, de regarder les chrysanthèmes ( fleurs jaunes ), de rechercher les derniers papillons ... L'usage voulait aussi que les lettrés se donnent pour but de promenade un lieu élevé, une colline, une terrasse où l'on buvait entre amis. Au IVème siècle, la tradition existait déjà, et un certain Meng Jia, ivre, laissa échapper en cette occasion son bonnet de mandarin emporté par le vent. Quelqu'un en profita pour écrire un libelle contre lui. L'anecdote devint célèbre. Depuis, chaque année, de siècle en siècle, les poètes ont pris l'habitude, ce jour-là, de perdre ( dans leurs poèmes ) leur couvre-chef emporté par le vent d'ouest ...
Manche rouge : jolie fille, courtisane.

mardi 16 juillet 2019

L'araignée mouche

Une carte postale que j'ai depuis très longtemps.




Sur le bord gauche, la photo de trois jeunes filles.
Dans l'angle inférieur droit, le texte qui suit, manuscrit et qui est également retranscrit au dos de la carte :

C'est un monstre qui sort d'on ne sait où, il hante les couloirs toutes les nuits et il va dans les chambres des châteaux habités par des enfants. Il fait des câlins aux enfants qui le méritent, ceux qui durant la journée, obéissent aux ordres et qui ne font pas de bêtises. Par contre, aux autres qui n'en font qu'à leur tête, il se transforme en araignée et va sur leur tête. Toutefois dans le nombre des enfants il y a en un bien coquin que l'araignée adore : elle mange toutes les mouches de l'enfant et devient énorme et le réveille pour le remercier. Alors, elle tisse une toile en forme de guitare et s'en va. Elle redevient monstre normal et c'est déjà le matin.


peinture, collage et texte réalisés par Judith dans le cadre de la résidence de Marc Pataut, programme national "Culture à l'hôpital" artothèque du Limousin - CHU Limoges.

avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication - DRAC Limousin, du Conseil Régional du Limousin, de l'Agence Régionale d'Hospitalisation et de la Caisse d'Epargne d'Auvergne et du Limousin.

dimanche 14 juillet 2019

Getz/Gilberto ( Stan Getz / Joao Gilberto )

Getz / Gilberto ( Stan Getz / Joao Gilberto )     
                                                                        ( 1964 )




1) The girl from Ipanema ( 5'22 )
2) Doralice ( 2'43 )
3) Para machuchar meu coração ( 5'04 )
4) Desafinado ( Off key ) ( 4'11 )
5) Corcovado ( Quiet night of quiet stars ) ( 4'13 )
6) Só danço samba ( 3'42 )
7) O grande amor ( 5'24 )
8) Vivo sonhando ( Dreamer ) ( 2'52 )

Stan Getz : saxophone ténor
Joao Gilberto : guitare, voix
Antonio Carlos Jobim : piano
Tommy Williams : basse
Milton Banana : batterie
Astrud Gilberto : voix

Enregistrement : 18 et 19 Mars 1963, New York




Doralice ( Dorival Caymmi - Antônio Almeida )

Doralice eu bem que te disse
Amor é tolice, é bobagem, ilusão
Eu prefiro viver tão sozinho
Ao som do lamento do meu violão

Doralice eu bem que te disse
Olha essa embrulhada em que vou me meter
Agora amor, Doralice meu bem
Como é que nós vamos fazer ?

Doralice eu bem que te disse
Amor é tolice, é bobagem, ilusão
Eu prefiro viver tão sozinho
Ao som do lamento do meu violão

Doralice eu bem que te disse
Olha essa embrulhada em que vou me meter
Agora amor, Doralice meu bem
Como é que nós vamos fazer ?

Um belo dia você me surgiu
Eu quis fugir mas você insitiu
Alguma coisa bem que andava me avisando
Até parece que eu estava adivinhando
Eu bem que não queria me casar contigo
Bem que não queria enfrentar esse perigo
Doralice
Agora você tem que me dizer
Como é que nós vamos fazer ?


Doralice

Doralice, j'ai eu beau te dire
L'amour est folie, bêtise, illusion
Je préfère vivre tout seul
Au son des lamentations de ma guitare

Doralice, j'ai eu beau te dire
Regarde cette embrouille dans laquelle je vais me mettre
Maintenant mon amour, Doralice ma chérie
Comment allons-nous faire ?

Doralice, j'ai eu beau te dire
L'amour est folie, bêtise, illusion
Je préfère vivre tout seul
Au son des lamentations de ma guitare

Doralice, j'ai eu beau te dire
Regarde cette embrouille dans laquelle je vais me mettre
Maintenant mon amour, Doralice ma chérie
Comment allons-nous faire ?

Un beau jour tu as surgi
J'ai voulu fuir mais tu as insisté
Quelque chose quand je marchais me prévenait
Il semblait même que j'avais deviné
Bien que je ne voulais pas me marier avec toi
Bien que je ne voulais pas affronter ce danger
Doralice
Maintenant tu dois me dire
Comment allons-nous faire ?

lundi 1 juillet 2019

Bestiaire magique - Dino Buzzati



Un recueil de nouvelles et d'articles de Dino Buzzati sur le thème des animaux, où ceux-ci peuvent avoir le rôle principal ou plus rarement un rôle mineur. Ces nouvelles et ces articles ont été publiés dans le Corriere della Sera durant toute la vie littéraire de l'auteur.
J'ai retrouvé ce que je connaissais de Buzzati : bien sûr son style efficace, si agréable à suivre, son ironie, son "fantastique" distillé à bon escient. J'ai découvert un Buzzati politique, bien qu'uniquement traité sur le mode de l'ironie et de l'humour, parce que voilà, je ne le connaissais pas aussi drôle. Le meilleur exemple est peut-être la nouvelle Tyrannosaurus Rex. Cette légèreté périodique est sans doute la conséquence du mode de publication de ces écrits.
D'abord intrigué par les premiers articles, à l'heure du cinquantième anniversaire du premier homme sur la lune, j'ai vu une belle résonance dans la série d'articles sur les premiers animaux  dans l'espace.
Un mot sur mon préféré, "Abattu sur le Quirinal", la lettre adressée par le dévoué Buzzati à son Excellence, le chef du secrétariat de la présidence de la République qui a eu la bonne idée d'abattre un aigle sur la colline romaine. Une belle démonstration de la bêtise de l'élu.
En ouvrant le livre, j'étais sûr de moi. Dino Buzzati ne m'a jamais déçu. Et cette fois encore, ce ne fut pas le cas.


Bestiaire magique ( Dino Buzzati ) ( 1991 ) ( 1932-1971 ) Éditions Robert Laffont - Pavillons Poche.

jeudi 27 juin 2019

Hey Lucinda - Tindersticks / Lhasa

Pour Claude ...

Cette chanson est sur The waiting room, l'album de 2016 des Tindersticks. Elle a été composée à partir d'une démo enregistrée sept ans auparavant. Le clip est réalisé par Rosie Pedlow et Joe King.




Hey Lucinda 

Hey Lucinda, you come out drinking with me tonight ? - The summer's almost gone - Hey Lucinda, time's running out - Hey Lucinda, our time is running out
I'm getting tired of those guys, tonight I'm gonna stay home - I'm tired of hanging out, maybe I'll just stay home tonight
When will you learn Lucinda, that feel is a creeping one - So hey Lucinda, you come out drinking with me tonight ? - The summer's almost gone - And soon the path that leads to your house will be a treacherous with the frost - And I may get lost in these cold and lonely nights
I could drink all this body could hold - But for the fear I might fall over and break these brittle bones - And these dirty little cigarettes we smoke - And the liquor it just throws a cloak over the feelings we should show
Hey Lucinda - I may be waiting for you - Time's running out - But hey Lucinda - I may be waiting for you - Our time is running out
Hey Lucinda, you come out drinking with me tonight ? - Yeah, we could find some dancing
I only dance to remember how dancing used to feel - And I wake up every morning to find you waiting for me - Time's a wasting Lucinda, those college guys - They'll be changing all the records, sitting in our favorite spot - But they drink to the future, not to forget the past
But hey Lucinda - I may be waiting for you - Time's running out - I may be waiting for you - But hey Lucinda - Our time is running out


Hé Lucinda 

Hé Lucinda, tu viens boire avec moi ce soir ? - L'été est presque fini - Hé Lucinda, le temps presse - Hé Lucinda, notre temps presse
J'en ai marre de ces types, ce soir je veux rester à la maison - Je suis fatiguée de traîner, je vais peut-être rester à la maison ce soir
Quand apprendras-tu Lucinda, ce sentiment est terrifiant - Alors hé Lucinda, tu viens boire avec moi ce soir ? - L'été est presque fini - Et bientôt le chemin qui mène à ta maison sera traître à cause du gel - Et je pourrais me perdre dans ces nuits froides et solitaires
Je pourrais boire tout ce que ce corps peut contenir - Mais de peur je pourrais tomber et me casser ces os fragiles - Et ces sales petites cigarettes que nous fumons - Et l'alcool ça jette juste un voile sur les sentiments que nous devrions montrer
Hé Lucinda - Je t'attends peut-être - Le temps presse - Mais hé Lucinda - Je t'attends peut-être - Notre temps presse
Hé Lucinda, tu viens boire avec moi ce soir ? - Ouais, nous pourrions trouver quelque dancing
Je danse seulement pour me souvenir comment c'était de danser - Et je me réveille chaque matin pour te trouver qui m'attend - Le temps se gaspille Lucinda, ces étudiants - Ils changeront tous les disques, assis à notre endroit préféré - Mais ils boivent au futur, pas pour oublier le passé
Mais hé Lucinda - Je t'attends peut-être - Le temps presse - Je t'attends peut-être - Mais hé Lucinda - Notre temps presse


mardi 25 juin 2019

Nié bouditié / Los peces ( Lhasa et Bratsch )

Pour Bizak ...
           tes mots, ta poésie nous manquent


Nié bouditié est un chant russe tzigane. Le duo avec Lhasa fait partie de l'album Plein de monde ( 2007 ) de Bratsch.




Nié bouditié 

Oy da nié bouditié - Tu men man maladova - Oy da paka solnichka - Romalei nié vzaïdiot
Oh Liouba
De louli tchatcho dané - Ay paka solnichka - Romalei nié vzaïdiot
Oy denti denti - Sivones que voliya - Yov bvouilidjia yala - Te baxt e doliya
Ay lou li lou li lou li - Ay lou li lou li lou li - Oh oh oh - Ay lou li lou li lou li - Ay lou li lou li lou li
Oy zaxatchikirenti - Oy loustrio yo yaga yaga - Sto moui nié o zapa tchaikaits o tchaveske te yaka
Ay lou li lou li lou li - Ay lou li lou li lou li - Oh oh oh - Ay lou li lou li lou li - Ay lou li lou li lou li


Ne réveille pas

Ne me réveille pas - Ne réveille pas le garçon - Jusqu'à ce que le soleil - Ne soit levé
Oh Liouba
C'est vrai - Jusqu'à ce que le soleil - Ne soit levé
Laisse libre - Le cheval gris - Et il nous donnera - Joie et bonheur
Ay lou li lou li lou li - Ay lou li lou li lou li - Oh oh oh - Ay lou li lou li lou li - Ay lou li lou li lou li
Éteins la lumière - N'ennuie pas - Les yeux de l'enfant
Ay lou li lou li lou li - Ay lou li lou li lou li - Oh oh oh - Ay lou li lou li lou li - Ay lou li lou li lou li


Une vidéo qui revient sur l'enregistrement de ce duo.




Dans la précédente vidéo est évoqué un enregistrement pour Canal +, le voici. Nulle part ailleurs, le 18 Mars 1999. Los peces, chanson traditionnelle sur La llorona, premier album de Lhasa.




Los peces 

La vírgen se está peinando - Entre cortina y cortina - Los cabellos son de oro - Y los peines de plata fina
Pero mira como beben - Los peces en el río - Pero mira como beben - Por ver a dios nacer
Beben y beben - Y vuelven a beber - Los peces en el agua - Por ver a dios nacer
La vírgen lleva una rosa - En su divina pechera - Que se la dió San José - Antes que el niño naciera
La vírgen va caminando - Y va caminando solita - Y no lleva pa companía - Que el niño de su manita
La vírgen lava pañales - Y los tiende del romero - Los pajarillos cantando - Y el romero floreciendo


Les poissons

La vierge se peigne les cheveux - Entre rideau et rideau - Ses cheveux sont en or - Et les peignes en argent fin
Mais regarde comment boivent - Les poissons dans le fleuve - Regarde comme ils boivent - En voyant Dieu naître
Et boivent et boivent - Et boivent encore - Les poissons dans l'eau - En voyant Dieu naître
La vierge, sur son sein divin - Porte une rose - Que Saint-Jean lui a donnée - Avant que l'enfant naisse
La vierge marche - Et elle marche solitaire - Et elle n'a pour l'accompagner - Que l'enfant, par sa petite main
La vierge lave des langes - Et les suspend sur les branches de romarin - Les oiseaux chantent - Et l'arbre fleurit

dimanche 23 juin 2019

Los hermanos - Bïa / Lhasa

Pour Célestine ...

Cette chanson est sur Nocturno, l'album de Bïa de 2008. Elle a été écrite par Atahualpa Yupanqui.




Los hermanos

Yo tengo tantos hermanos - Que no los puedo contar - En el valle, la montaña - En la pampa y en el mar
Cada cual con sus trabajos - Con sus sueños, cada cual - Con la esperanza adelante - Con los recuerdos detras
Yo tengo tantos hermanos - Que no los puedo contar
Gente de mano caliente - Por eso de la amistad - Con uno lloro, pa llorado - Con un rezo pa rezar
Con un horizonte abierto - Que siempre esta mas alla - Y esa fuerza pa buscarlo - Con teson y voluntad
Cuando parece mas cerca - Es cuando se aleja mas - Yo tengo tantos hermanos - Que no los puedo contar
Y asi seguimos andando - Curtidos de soledad - Nos perdemos por el mundo - Nos volvemos a encontrar
Y asi nos reconocemos - Por el lejano mirar - Por la copla que mordemos - Semilla de immensidad
Y asi, seguimos andando - Curtidos de soledad - Y en nosotros nuestros muertos - Pa que nadie quede atras
Yo tengo tantos hermanos - Que no los puedo contar - Y una novia muy hermosa - Que se llama Libertad !


Les frères 

J'ai tant et tant de frères - Que je ne peux les compter - Dans la vallée, la montagne - Sur la plaine et sur la mer
Chacun avec son travail - Chacun avec ses rêves - Avec l'espoir devant soi - Et les souvenirs derrière
J'ai tant et tant de frères - Que je ne peux les compter
Avec les mains chaleureuses - De leur amitié - Avec une complainte pour pleurer - Avec une prière pour prier
Avec un horizon ouvert - Qui est toujours loin - Et cette force pour l'atteindre - Avec obstination et volonté
Quand il semble près - C'est là qu'il s'éloigne encore - J'ai tant et tant de frères - Que je ne peux les compter
Et ainsi toujours nous allons - Tannés par la solitude - Par le monde nous nous perdons - Toujours nous nous retrouvons
Et ainsi nous nous reconnaissons - Par le même regard lointain - Par ce couplet où nous mordons - Graine d'immensité
Et ainsi toujours nous allons - Tannés par la solitude - Et en nous nous portons nos morts - Que personne ne reste en arrière
J'ai tant et tant de frères - Que je ne peux les compter - Et une très belle fiancée - Que l'on nomme Liberté !


mardi 9 avril 2019

Le pont dans la jungle - B. Traven


Un roman atypique car il s'écoule le long d'une seule nuit, du crépuscule à cette aube qui sera aussi fatalement un crépuscule et qu'il déroule tous les faits, tous les gestes, même les plus infimes, même s'ils se répètent. Les minutes passent, les heures, le drame arrive et il faudra qu'il passe pareillement afin qu'il puisse être accepté.
Gales, le narrateur est atypique lui aussi, par l'énigme qu'il est - on ne sait rien de lui ou presque, sinon sa nationalité américaine et son état de voyageur - et par son impuissance devant ce qui se joue sous ses yeux. Il se contente de rapporter minutieusement la nuit.
Par ces intermédiaires, Gales, cette nuit, ce drame, B. Traven nous décrit en détail un village d'indiens d'Amérique centrale. Une communauté extrêmement pauvre mais soudée, dont les valeurs, on le sent bien avant qu'il ne le dise clairement, lui vont droit au cœur.
Mes précédentes lectures de Traven étaient lointaines, je ne me souvenais que vaguement de son style. Il est précis, sans fioritures. Une belle redécouverte.


Le pont dans la jungle ( B. Traven ) ( 1929 ) ( Gallimard / La Noire )

samedi 6 avril 2019

Sail away ( Randy Newman )

Sail away - Randy Newman ( 1972 )





1) Sail away ( 2'56 )
2) Lonely at the top ( 2'32 )
3) He gives us all his love ( 1'53 )
4) Last night I had a dream ( 3'01 )
5) Simon Smith and the amazing dancing bear ( 2'00 )
6) Old man ( 2'42 )
7) Political science ( 2'00 )
8) Burn on ( 2'33 )
9) Memo to my son ( 1'56 )
10) Dayton, Ohio - 1903 ( 1'47 )
11) You can leave your hat on ( 3'18 )
12) God's song ( that's why I love mankind ) ( 3'36 )

Composed and arranged by Randy Newman


God's song ( that's why I love mankind )

Cain slew Abel, Seth knew not why
For if the children of Israel were to multiply
Why must any of the children die ?
So he asked the Lord
And the Lord said

Man means nothing, he means less to me
Than the lowliest cactus flower
Or the humblest Yucca tree
He chases round the desert
'Cause he thinks that's where I'll be
That's why I love mankind

I recoil in horror from the foulness of thee
From the squalor and the filth and the misery
How we laugh up here in heaven at the prayers you offer me
That's why I love mankind

The Christians and the Jews were having a jamboree
The Buddhists and the Hindus joined on satellite TV
They picked their four greatests priests
And they began to speak
They said "Lord, a plague is on the world
Lord, no man is free
The temples that we built to you
Have tumbled into the sea
Lord, if you won't take care of us
Won't you please, please let us be ?"
And the Lord said
And the Lord said

I burn down your cities, how blind you must be
I take from you your children and you say how blessed are we
You all must be crazy to put your faith in me
That's why I love mankind
You really need me
That's why I love mankind

La chanson de Dieu ( Voilà pourquoi j'aime le genre humain )

Caïn tua Abel, Seth ne sut pas pourquoi
Car si les enfants d'Israël devaient se multiplier
Pourquoi fallait-il qu'un seul de ses enfants meurt ?
Alors il questionna le Seigneur
Et le Seigneur répondit

L'homme ne représente rien, il représente moins pour moi
Que la moindre fleur de cactus
Ou le plus humble des Yuccas
Il parcourt le désert
Parce qu'il pense que c'est là qu'il va me trouver
Voilà pourquoi j'aime le genre humain

Je recule d'horreur devant votre grossièreté
Devant le sordide, la saleté et la misère
Comme nous rions ici au paradis des prières que vous m'adressez
Voilà pourquoi j'aime le genre humain

Les Chrétiens et les Juifs firent une réunion
Les Bouddhistes et les Hindus se parlèrent grâce à la télé satellite
Ils choisirent leurs quatre meilleurs prêtres
Et commencèrent à parler
Ils dirent "Dieu, un fléau s'abat sur le monde
Dieu, aucun homme n'est libre
Les temples que nous vous avons construit
Ont basculé dans la mer
Dieu, si vous ne prenez pas soin de nous
Voulez-vous s'il vous plait, s'il vous plait nous laisser ?
Et le Seigneur répondit
Et le Seigneur répondit

J'ai brûlé vos cités, vous devez être bien aveugles
Je vous ai pris vos enfants et vous dites "Comme nous sommes bénis"
Vous devez être fous, tous, de croire en moi
Voilà pourquoi j'aime le genre humain
Vous avez réellement besoin de moi
Voilà pourquoi j'aime le genre humain

lundi 1 avril 2019

L'ange blessé ( Hugo Simberg ) / Le châle andalou ( Elsa Morante )


Hugo Simberg ( 1873 - 1917 ) est un peintre symboliste finlandais. L'ange blessé est peut-être son tableau le plus célèbre. Il fait partie des trois œuvres ( deux toiles et une fresque ) que Simberg a peint pour la nouvelle cathédrale de Tampere.


La fresque aux enfants nus, L'ange blessé ainsi que le second tableau où l'on peut voir des squelettes en train de jardiner ( Le jardin de la mort ) sont des œuvres très inhabituelles dans une cathédrale. D'où le scandale qui a eu lieu ...

Cet ange blessé m'a accompagné et à chaque fois que je reprenais le livre, intrigué durant la lecture du recueil de nouvelles d'Elsa Morante dont il illustre la couverture.


Dans les quatorze nouvelles du Châle andalou, le monde de l'enfance, de l'adolescence est confronté à celui des adultes. Et illusions, innocence, il y a souvent perte.
Avec la nouvelle éponyme, beaucoup plus longue que les autres, celle qui m'a le plus marqué est celle qui peut-être énonce le plus clairement le thème. Dans Le jeu secret, deux frères et une sœur s'imaginent un monde chevaleresque pour mieux affronter leur stricte réalité parentale, jusqu'au moment où celle-ci les rattrape.
Une belle écriture - une belle lecture.

L'ange blessé ( Hugo Simberg ) ( 1903 )
Le châle andalou ( Elsa Morante ) ( 1963 ) ( Folio )

mardi 5 mars 2019

Stranger than paradise / I put a spell on you

Willie : Pas ça !
Eva : C'est "Screamin' Jay".
Willie : C'est nul !
Eva : Tu dis des bêtises. C'est mon idole.
Eddie : Moi, j'aime bien.
Willie : Tu aimes ce truc ?
Eva : Merci, Eddie. Serrons les coudes.
Willie : C'est débile.
Eddie : C'est de la musique d'autoroute. C'est chouette.
Eva : Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas entendu.




Stranger than paradise, un film de Jim Jarmusch ( 1984 )
I put a spell on you ( Screamin' Jay Hawkins ) ( 1956 )

mercredi 23 janvier 2019

Une espionne dans la maison de l'amour - Anaïs Nin


Vous dites en vous-même : voici la femme falsificatrice, voici l'espionne internationale dans la maison de l'amour ( ou dois-je spécifier dans la maison des multiples amours ? ). Mais je dois vous avertir : il faut me saisir avec délicatesse ; je m'enveloppe d'un manteau irisé aussi fragile que le pollen des fleurs, et, bien que je consente à me laisser arrêter, si vous prenez possession de moi trop rudement, vous risquez de perdre de nombreuses preuves de ma culpabilité. Je n'ai pas envie que vous salissiez ce manteau délicat peint aux couleurs merveilleuses créés par mes illusions ; aucun peintre n'a jamais su le reproduire. Il est étrange, n'est-ce pas, qu'aucun produit chimique ne puisse communiquer à un être humain ce rayonnement irisé que lui prêtent les illusions. Donnez-moi votre chapeau. Vous avez l'air guindé, mal à l'aise. Alors, en fin de compte, vous avez dépisté tous mes personnages ? Vous rendez-vous compte du courage et de la témérité que réclame ma profession ? Très peu de gens ont ce don. Chez moi, c'est une vocation. Elle s'est manifestée de très bonne heure par mon habileté à me tromper moi-même. J'étais de celles qui appellent une cour un jardin, une location meublée un foyer. Si je rentrais en retard chez moi, pour éviter de me faire gronder je savais immédiatement imaginer et raconter à mes parents des aventures tellement hallucinantes qu'ils avaient besoin de plusieurs minutes pour en secouer le charme et revenir à la réalité. Je pouvais sortir de mon être habituel, de ma vie quotidienne et changer fréquemment de personnage sans me faire remarquer. Je veux dire que mon premier crime, vous serez peut-être surpris de l'apprendre, je l'ai commis contre moi-même. Ma faute, ce fut de corrompre un jeune être qui était moi-même. J'ai altéré ce qu'on appelle la réalité afin de créer un monde plus beau. J'ai constamment amélioré la réalité. On ne m'a pas arrêtée pour ce crime.


Une espionne dans la maison de l'amour ( Anaïs Nin ) ( 1954 ) pp 194-195 ( Éditions Stock / La Cosmopolite )

Album de la semaine #52

Rain dogs - Tom Waits - 1985 Extrait : Downtown train Voilà, c'est le dernier post de ce blog. Merci à tous les visiteurs, merci pour to...