mardi 19 mai 2020

Le procès - Franz Kafka



L'histoire de Joseph K. est célèbre. Elle a, aux côtés de celle de K. du Château, été à l'origine de l'adjectif "kafkaïen".
Un matin, à son réveil, il reçoit par l'intermédiaire de deux hommes la notification de son arrestation et conséquemment du début de son procès. De chapitres en chapitres, d'épisodes en épisodes, cherchant à savoir de quoi et par qui il est accusé, il pénétrera jusqu'à un certain point dans les arcanes d'un monstre inhumain. Parce qu'il faut le préciser, K. est arrêté mais libre d'aller et venir, pourvu qu'il se rende aux convocations de la justice. Il aura beau foncer, tête baissée parfois, se mettre en colère, user d'ironie, de causticité, rien y fera, il ne pourra en aucun cas démonter un seul des rouages de cette machine froide. Ces rouages ont pour visages avocat, juge, huissier ou les proches de ceux-ci. Mais tout est justice, il suffit d'ouvrir une porte anodine, de franchir un couloir, de monter un escalier pour se retrouver au tribunal. Ce sont des murs invisibles que Kafka met sur la route de son héros, comme la première porte de la Loi dans la parabole de l'homme qui bute toute sa vie durant devant celle-ci et son gardien. Et si Joseph K. n'était coupable finalement que de vivre ?
Ce qu'oppose en effet Kafka à cette machine, c'est un être de chair et de sang, avec du caractère, avec des pulsions sexuelles très marquées. Mlle Bürstner et Leni peuvent en témoigner. Alors la vie de Joseph K. peut paraître terne avec son emploi de fondé de pouvoir dans une banque et son existence solitaire dans la pension de Mme Grubach mais il est vivant, et bien vivant !

Ça faisait un moment que ce livre était sur mon étagère et que je lorgnais sa couverture avec le tableau de Bacon. Je n'arrivais pas à me décider à le relire ...
Peut-être parce qu'il existe une nouvelle traduction depuis quelques années et que celle-ci est l'originelle d'Alexandre Vialatte. Et le fait est qu'elle me semble à certains endroits un peu passée. Alexandre Vialatte, dont j'ai lu quelques-unes des excellentes chroniques dans La Montagne, n'était pas germanophone. C'était sa femme qui traduisait avec lui qui l'était. Ils se sont servis qui plus est de la version du livre qu'en a fait Max Brod, qui est sujet à caution.


Le procès ( Franz Kafka ) ( 1925 ) Éditions Folio.


2 commentaires:

  1. A dire vrai je ne crois pas l'avoir jamais lu. Mais le film d'Orson Welles est impressionnant et, à mon sens, tout à fait kafkaïen. A bientôt Patrick.

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  2. J'ai vu le film de Welles il y a longtemps. Et je ne m'en souviens pas bien. Mais que c'était un film impressionnant, ça je m'en souviens, comme tous ceux de Welles d'ailleurs.
    A bientôt Claude.

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