lundi 12 octobre 2020

Bords de l'Arno ( Oscar Wilde )

 


La très longue, saisissante, importante Ballade de la geôle de Reading ( 1898 ), que je ne peux reproduire ici, est dans ce petit recueil précédée d'une sélection de vingt-quatre poèmes de 1881. En voici un. 


Bords de l'Arno 

Le laurier-rose sur le mur
Vire au pourpre à la lueur de l'aube,
Mais l'ombre grise de la nuit
S'étend encore sur Florence. 

La rosée éclaire la colline,
Les bourgeons brillent tout là-haut, 
Mais, ah ! les cigales ont fui
Et leur chant attique a cessé. 

A peine si les feuilles bougent
A la suave brise légère 
Et, dans le vallon fleurant l'amandier, 
Chante un rossignol solitaire.

Le jour, bientôt, te fera taire,
Ô rossignol, poursuis ton chant d'amour !
Tandis que sur l'ombreux bocage
Se brisent les flèches de la lune.

Bientôt, le matin filtrera 
De vert vêtu, sur le silence des pelouses
Et lancera à l'amour apeuré 
Les traits blancs de l'aurore, 

En se hissant à l'orient,
Terrassant la nuit qui frémit, 
Sans souci que mon cœur soit heureux 
Ou que meure le rossignol. 


La ballade de la geôle de Reading ( Oscar Wilde  ) ( 1881 ) ( 1898 ) Editions Folio.

2 commentaires:

  1. Patrick bonjour.Magnifique. Oscar Wilde disait avoir mis son génie dans sa vie, et seulement son talent dans l'écriture. Déjà pas mal. Je suis allé deux fois à Florence. Je te livre ce petit texte écrit il y a vingt ans. A bientôt l'ami.
    http://eeguab.canalblog.com/archives/2006/11/02/3065862.html

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  2. Je connaissais déjà ton poème. C'est une belle double déclaration d'amour, à la femme, à la ville. Je suis vraiment un admirateur des poèmes rassemblés dans ta catégorie "Mes mots à moi"..
    Merci, à bientôt Claude.

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