vendredi 23 octobre 2020

Paterson - Jim Jarmusch

Notre Palme d'or, dit Télérama sur la jaquette du Dvd. Si les films de Jarmusch ont souvent été récompensés, aucun n'a jamais eu la Palme. Je ne sais pas si celui-ci aurait dû l'avoir, la méritait plus que le film primé ; pour moi, c'est toute l'œuvre de Jarmusch qui est une de mes Palmes d'or. 

J'aime par exemple l'œil qu'il pose sur le monde, son humour subtil, son éloge de la lenteur cinématographique. J'aime par exemple ses bandes originales ( Neil Young, John Lurie, Tom Waits, etc ), la galerie de musiciens qui peuple ses films, le cosmopolitisme de ses acteurs ...

Bien sûr, je suis parfois resté sur ma faim, c'est le cas avec The limits of control ou Coffee and cigarettes ( version long métrage ). Il faut dire que souvent il ne se passe pas grand-chose dans les films de Jarmusch, mais je préfère ses pas grand-chose aux trop de choses de beaucoup d'autres. 


Paterson habite à Paterson. Il y est conducteur de bus. Il y mène une vie réglée comme du papier à musique. Il se lève le matin à 6 heures 15, laissant sa compagne Laura dormir encore, déjeune et se rend à son travail. A la fin de son service, il rentre chez lui, remet droite quotidiennement la boite aux lettres qui penche, écoute le récit de la journée de Laura ( elle a fait des cupcakes, elle a repeint quelque chose dans la maison en noir et blanc, ses couleurs fétiches : un rideau, une de ses robes ... ). Apres dîner, il sort leur chien Marvin et s'arrête au bar de Doc où il écoute les petites histoires des habitués comme il l'a fait dans la journée pour ceux de son bus.

Mais dans sa vie, il y a autre chose. Une grande chose. Une deuxième grande chose après son amour pour Laura : la poésie. La poésie qu'il écrit, remplissant son cahier secret. Car elle est partout. Il suffit de savoir regarder. Le poème - c'est comme les chansons pour Keith Richards : elles sont dans l'air, on les attrape ou non - peut venir n'importe quand et de n'importe où. Il peut partir d'une petite boîte d'allumettes et grossir en un beau poème d'amour. C'est comme ça qu'a dû venir "Juste pour te dire" à William Carlos Williams, poème lu dans le film, Williams, natif de la ville de Paterson et qui donna ce nom à sa grande œuvre.


Paterson ( Jim Jarmusch ) ( 2016 )

2 commentaires:

  1. Tout à fait de ton avis, Patrick. Je préfére les petits riens de Jarmusch aux surenchères de toutes sortes. Et la poésie un peu errante, un peu quotidienne, me plait beaucoup. Et cette petite touche japonaise... Il aime bien les grands escogriffes maladroits, John Lurie, Tom Waits, Adam Driver. A bientôt.

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  2. Je me demande si John Lurie voire Adam Driver ne sont pas un peu ses doubles au cinéma. Je me souviens de la scène de Jarmusch dans Brooklyn boogie de Paul Auster, où il vient fumer sa dernière cigarette au débit de tabac d'Harvey Keitel. Un moment jarmuschien.
    Merci de ton commentaire, Claude. A bientôt.

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